J’ai encore des rêves d’interviews que je n’ai pas pu réaliser. Ou pas encore pour certaines. Je ne perds pas espoir.
Il en est une qui, si je pouvais un jour la vivre, serait un bonheur absolu: celle d’Ousmane Sow.
Sénégalais, il n’a jamais pu intégrer les Beaux-Arts, lui qui a quitté son pays pour la France en 1957 dans ce but.
Infirmier, kiné, il connaît le corps humain par coeur. Il a exercé son métier de kinésithérapeute jusqu’à cinquante ans, âge où, enfin, il s’est consacré entièrement à sa passion: la sculpture.
Et lorsqu’il a présenté ses premières oeuvres, le public du monde entier a été conquis.
Eric et moi avons eu un coup de foudre total pour son oeuvre dès la première fois que nous en avons vu quelques échantillons.
Une oeuvre magistrale, composée en majeure partie de personnages conçus à partir d’une armature de métal, de paille, de jute etc, puis modelés à l’aide d’une pâte de sa composition.
Son univers est fascinant. D’immenses guerriers, des hommes, des femmes « en vie »… Il représente des êtres dans leur dignité, jamais des hommes piétinés, comme il le répète souvent. Une oeuvre puissante, des mises en scène épiques, souvent dramatiques (notamment dans l’oeuvre consacrée aux émigrés), poignantes.
Pour créer des personnages aussi profonds, il faut être soi-même très particulier. Il l’est si j’en crois les interviews qu’il a données. Je rêve désormais de pouvoir rencontrer celui qui donne un tel souffle de vie à ses oeuvres…
Martine Bernier