Yoyo et la neige

Lorsque Béa et Fred, deux des membres de mon Triangle d’Or, me téléphonent, ils me passent souvent Yoann, leur petit garçon de dix ans.
Depuis qu’il sait qu’il neige copieusement sur la Suisse, cet hiver, nos conversations tournent autour de ce sujet, crucial pour lui…

– Bonjour, mon Yoyo! Comment vas-tu?
– Ca va. Dis, il neige?
– Oui, il a beaucoup neigé ces derniers jours…
– Mais.. il y a environ combien de centimètres?
– C’est difficile à dire. Les routes sont bien dégagées ici, tu sais, la neige n’y reste pas. Sur le chemin qui mène au pré de la rivière, il doit y avoir une quinzaine de centimètres. Et quand je descends dans le pré avec Pomme, elle s’enfonce au point de presque disparaître!

Vient alors la question qui tue:
– Il y en aura encore, quand nous viendrons te voir en avril?

Soupir…
Sincèrement, cela m’arrangerait qu’il n’y en ait plus.
Mais je sais que, pour lui qui vit à quelques minutes de la mer, le fantasme du bonhomme de neige est bien présent.

– Je ne sais pas trop… Si cela continue comme ça, il y a des chances, oui. Mais les hivers ne se ressemblent pas, tu sais… on ne peut jamais prévoir.

Rien que pour faire plaisir à ce petit bonhomme auquel je tiens, je ferais bien breveter une idée de congélateur géant…
Pour le moment ce n’est pas utile: en plein coeur de la journée, il fait une température proche de -10.

Chez Yoann, comme dans la majeure partie de la France et de la Belgique, une tombée de neige met le pays en pagaille.
Des voitures en travers de la route, des collisions, des bouchons, des écoles vides, des cars scolaires au garage, des employés coincés chez eux: c’est la panique.
Lorsque je demande à ceux qui passent leur vie sur la route pourquoi leurs voitures ne sont pas équipées de ce que nous appelons ici les « pneus neige », ils m’expliquent qu’il neige tellement rarement que cela ne voudrait pas la peine.
Je comprends… les équipements sont chers.
Ceci dit, chaque année, je vois les mêmes images, je lis les mêmes articles relatant les désagréments causés pas l’hiver.
Et j’entends les mêmes témoignages d’automobilistes exaspérés expliquant que « chaque année, c’est la même chose, il suffit qu’il neige un peu pour que le pays soit paralysé! »

Hum…

D’un autre côté, je vois la Suisse, très agressée par l’hiver, et donc habituée à le recevoir.
Chaque matin, aux aurores, lorsque je sors ma chienne dans un froid polaire, je vois arriver le chasse-neige, sur le parking derrière les résidences.
Un adroit coup de lame et le tout est dégagé, laissant un mur de neige (oui, Yoyo, un vrai mur de plus d’un mètre!) sur les bords.
Il ne reste plus aux automobilistes qu’à filer avec leurs voitures, toutes équipées de pneus d’hiver…

Grand contraste…

Martine Bernier

 

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