Séraphine de Senlis…

  

 En 2009, il a cumulé les Césars.
Sept au total: Meilleur Film, Meilleur Scénario, Meilleure Photo, Meilleurs Costumes, Meilleure Musique et, surtout, Meilleure Actrice.
Un film magnifique…

Il faut dire que Yolande Moreau, dans le rôle de cette femme simple habitée par un incroyable talent artistique, est sensationnelle.
J’ai acheté le DVD du film, et j’ai été émue par cette histoire d’autant plus troublante qu’elle est véridique.

Séraphine faisait des ménages, accomplissait les tâches les plus ingrates.
Le soir, lorsqu’elle rentrait chez elle, elle peignait, peignait…
Sa vie a changée lorsqu’elle a été engagée comme femme de ménage chez un collectionneur et marchand d’art allemand Wilhem Uhde.
Le talent de cette femme qui n’avait jamais pris un cours de dessin ou de peinture l’a bouleversé.

Et pour cause…
Aujourd’hui, les toiles de Séraphine dite « de Senlis », sont exposées dans plusieurs musées, dont le musée Maillol de Paris.
Elles semblent comme habitées d’une lumière qui donne l’impression de venir du dos de du tableau.
Les fruits, les fleurs, les arbres de Séraphine, très travaillées, sont éclaboussées de couleurs, de luminosité.
Certains rappellent des oeuvres de Van Gogh…
Pourtant son style n’appartient qu’à elle.
Même la composition de ses pigments n’appartenait qu’à elle…

Le destin de cette femme rappelle un peu celui d’une autre artiste qui m’est chère: Camille Claudel.
Comme elle, Séraphine a été internée, et est morte à « l’asile ».
Certains disent qu’elle serait morte de faim.
Personne n’a réclamé son corps, qui a été déposé dans une fosse commune.
Mais elle dont la peinture donnait une impression de partir vers le ciel, délaissant les racines qu’elle laissait dans l’ombre, semble avoir indiqué dans ses tableaux que le corps n’avait qu’une importance toute relative pour elle.
C’est son âme qu’elle a fait jaillir de ses pinceaux.
Une âme simple, pieuse, pleine de poésie.

Face à Camille Claudel, à Séraphine, et à tous ces artistes que j’aime, je ressens toujours le même sentiment.
J’ai l’impression qu’un être humain riche et généreux est celui dont on regrette toujours la mort bien des années plus tard, parce que l’on aurait encore voulu voir d’autres oeuvres signées de sa main, lire d’autres livres qu’il aurait écrits, écouter d’autres musiques qu’il aurait créées, approfondir l’enseignement ou la pensée qu’il aurait livrée par ses connaissances ou son exemple.

Martine Bernier

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