Jean-Claude Dreyfus: « Le mardi à Monoprix », une merveille

 

 

(Photo: Thierry Leroy)

 

Mon passage à Paris m’a permis de retrouver un acteur que j’adore, Jean-Claude Dreyfus, véritable OVNI dans le monde théâtral.
Il sait tout faire: chanter, danser, jouer, faire de la magie…
Lorsque j’avais vu, en suivant la cérémonie des Molière, qu’il avait été nominé pour le Molière du meilleur acteur pour son rôle dans « Le mardi à Monoprix », j’ai eu très envie de voir la pièce.
Je l’ai donc appelé, lui ai annoncé mon arrivée à Paris et nous avons convenu que je passerais le voir avant d’aller l’applaudir.

 

Le thème de la pièce est particulier.
Marie-Pierre est… le fils de deux personnes vivant en province.
Au cours de son enfance, il a réalisé qu’il n’était pas fait pour être un garçon.
Il lui faudra du temps pour assumer sa transformation.
Mais son déménagement à 80 km de chez ses parents et son intégration dans une ville qui ne l’a jamais connue autrement qu’en femme lui permettent de vivre au mieux sa transformation.
Alors qu’elle vient de perdre sa mère, Marie-Pierre revient chaque mardi pour s’occuper de son père, de son ménage, de ses courses.
Celui-ci a mal compris le changement intervenu chez son fils qu’il s’obstine à appeler Jean-Pierre, malgré ses robes à fleurs et ses talons hauts.
La pièce est un long monologue, un texte magnifique écrit par Emmanuel Darley.
Jean-Claude Dreyfus est seul en scène avec le talentueux contrebassiste Philippe Thibault, qui induit un véritable dialogue musical.

 

Pour jouer le rôle de Marie-Pierre, sensible et délicate, il fallait un comédien capable d’investir un personnage aussi difficile sans tomber dans la caricature.
Dreyfus n’a pas un physique de minet, c’est le moins que l’on puisse dire.
Je ne l’imaginais pas en robe et perruque, perché sur des talons, les yeux et les lèvres maquillés, les ongles vernis de rouge vif.
Il réussit l’exploit de ne jamais être ridicule, de provoquer la sympathie du public qui s’attache rapidement à ce personnage fragile et tendre.
A aucun moment le temps ne semble long.
Le comédien enveloppe les spectateurs, les entraîne dans ses voiles, dans ses méandres, dans ce quotidien, ces sentiments mal reçus, mal compris.
Il joue… à la fois Marie-Pierre à la voix douce, et son père pour qui elle restera toujours Jean-Pierre, son fils.

 

La salle était comble, plus une place n’était libre, des chaises ont dû être rajoutées.
Et pourtant, le silence qui régnait était à la hauteur de la prestation de l’acteur.
En le retrouvant après la pièce, nous étions encore sous le charme de Marie-Pierre.
Pour un peu, nous aurions aimé la réconforter, la consoler…
Ce Molière qui a été décerné au regretté Laurent Terzieff, il l’aurait lui aussi largement mérité.

 

Vous avez encore jusqu’au 30 octobre 2010 pour voir la pièce à Paris où elle joue les prolongations.
Précipitez-vous…

 

Martine Bernier

 

Théâtre Ouvert
Le Jardin d’hiver
4 bis, cité Véron, 75018 PARIS
Administration 01 42 55 74 40
Réservation 01 42 55 55 50
accueil@theatreouvert.com
représentations du mercredi au samedi à 20h
le mardi à 19h
matinée le samedi à 16h

 

http://www.theatre-ouvert.net

 

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