Dans les régions concernées par le foehn, dès qu’il commence à souffler, il est la star du jour.
Lorsque je suis arrivée en Suisse, n’ayant jamais entendu parler de lui, je trouvais étrange de m’entendre dire:
– « J’ai mal à la tête, c’est le foehn. »
– « Mon fils est énervé, aujourd’hui, c’est le foehn. »
– « Mon mari n’a pas fermé l’oeil de la nuit. C’est le foehn! »
– « J’ai eu un accrochage en me parquant, ce matin. Pas étonnant, avec ce foehn… »
J’ai très vite compris que le monde avait deux boucs émissaires: la pleine lune et le foehn.
Ce vent chaud énerve, agace, stresse, effraie, angoisse et j’en passe.
Dès qu’il montre le bout de son souffle, il en prend pour son matricule. Ce doit être dur d’être le foehn…
Décrié, accusé de tous les maux, diabolisé…
Pauvre foehn.
Hier soir, dans cet endroit de Franche-Comté où je passe quelques jours, un vent furieux s’est levé.
Toute la nuit, il a soufflé en tempête, faisant trembler la maison, claquer les volets, bouger les panneaux, danser les feuilles…
Ce n’est qu’au matin qu’il a cédé sa place à la pluie.
Comme par hasard, tard dans la soirée, Celui qui m’accompagne s’est énervé sur Pomme.
Ce matin, au petit-déjeuner, je me suis entendue poser LA question que je pensais ne jamais poser:
– Dis, le vent de cette nuit… c’était le foehn?
Martine Bernier