Ce dimanche matin, Celui qui m’accompagne avait un rendez-vous.
Comme je me déplace encore difficilement après mon expérience de la semaine dernière, il ne savait pas si j’aurais le courage de l’accompagner, dans le froid de surcroît.
C’est bien mal me connaître.
Quelques instants plus tard, nous sillonnions les routes de sa Franche-Comté, par une température largement sous zéro.
A priori, rien de palpitant.
Je n’aime plus l’hiver depuis longtemps, y compris en peinture… bien que je sache que beaucoup de peintres raffolent des nuances de couleurs que la saison leur permet.
En sortant, j’ai dû me rendre à l’évidence.
Un dimanche plutôt brumeux, un jour gris à souhait: ce n’était pas aujourd’hui que j’allais faire le plein d’images à faire rêver.
Je me trompais.
Lorsque nous sommes entrés dans la forêt, j’ai réalisé, malgré ma désormais légendaire myopie, que chaque arbre, chaque buisson était recouvert de givre.
L’épine la plus banale prenait des allures précieuses de dame de la haute société délicatement poudrée.
Des oeuvres d’art naturelles, semblant sorties des mains d’un orfèvre de génie.
Pour ne pas être en reste, l’herbe de certaines prairies arborait une couleur virant au bleu sous l’effet du gel.
Une beauté glacée, inattendue…
Une fois le rendez-vous terminé, un repas dans un restaurant chaleureux nous a redonné l’envie de prolonger l’excursion.
Et là encore, une nouvelle surprise m’attendait.
Le site désert d’anciennes forges dont les bâtiments datent du 19e siècle nous donnaient l’impression d’avoir changé d’époque, d’arpenter un décor de film…
Une immense villa, insolite par ses couleurs et son architecture dans cet environnement, demeure d’hier que l’on imaginerait facilement sur une colline de Toscane.
Plus loin, Celui qui m’accompagne a arrêté la voiture et m’a aidée à descendre une cinquantaine de mètres en contrebas de la route.
Il voulait me montrer une série de cascades.
Une atmosphère féerique, rien que pour nous.
D’autres moments forts ont jalonné cette journée surprennante par son contenu, auquel je ne m’attendais absolument pas.
Ce lundi soir, nous reprenons la route de la Suisse avant qu’il ne reparte seul jusqu’à la fin de la semaine.
Mais j’ai compris une chose, au cours de ces derniers jours.
Ses racines sont plantées dans sa terre de Franche-Comté.
Nous y reviendrons régulièrement, même lorsqu’il m’aura définitivement rejointe dans mes helvétiques contrées.
Il tient à son pays comme je tiens à l’Atlantique.
Martine Bernier