J’aime passer du temps dans l’antre de Celui qui m’accompagne.
Vivre dans deux pays, dans deux territoires distincts en sachant que, dans quelques mois, nous nous rejoindrons dans un seul endroit et franchirons ensemble les frontières.
Oui, j’aime évoluer dans son univers qui pourtant ne me ressemble pas.
Même lorsqu’il travaille.
Pomme collée à moi, mes ordinateurs étalés devant moi, j’écris…
Une heure avant le repas de midi, Il fait irruption dans l’appartement en apportant les victuailles prévue pour le déjeuner.
Dont les légumes à utiliser pour un potage.
Alors qu’il s’éclipse en me disant qu’il « fera cela en rentrant », j’examine les légumes, les épluche et les fais cuire.
Tous, sauf un.
Une heure plus tard, comme je pouvais m’y attendre, la première réflexion de mon tendre géant porte sur le légume en question.
– Tu as oublié de mettre le fenouil?
– Non, non… j’ai évité de le mettre.
– Mais… pourquoi?
Devant son regard étonné, je cherche mes mots.
Comment lui expliquer l’antipathie chronique que j’ai pour le parfum et le goût de l’anis?
Comment lui faire comprendre la gravité de mon dégoût sans pour autant vexer le fenouil qui n’y peut rien, le pauvre?
Prise d’une inspiration, je respire un grand coup et je lance:
-Tu comprends, le fenouil…. c’est l’araignée des légumes!
Il me jette un regard à peine surpris, voire résigné, hoche la tête en levant discrètement les yeux au ciel.
Heu…
Il me semblait que prendre l’exemple de l’insecte pour lequel j’ai la plus profonde aversion suffirait à lui faire comprendre la situation.
Le fenouil abandonné n’a pas rejoint ses congénères dans la marmite.
J’ai de la chance: Il a de l’humour.
Lui.
Pas le fenouil.
Martine Bernier