Bichon havanais: Pomme, les médicaments et la boule de curling

Depuis quelques jours, Pomme doit subir un traitement qu’elle n’apprécie pas.
L’opération consiste à lui injecter un produit dans les oreilles.
Or, pour Pomme, les oreilles, qu’elle a de fort jolies d’ailleurs, c’est sacré.
Et ce qui est sacré est intouchable!
Elle a donc mis au point une stratégie destinée à reculer le moment fatidique.

– Pomme? Viens, ma puce!

Mon Mogwaï pointe son minois et me regarde.
Promenade?
Déjeuner?
Câlin?
Récompense?
Elle s’attend au mieux, c’est le pire qui arrive lorsqu’elle me voit sortir le flacon redouté.
Le temps que je me retourne et elle a disparu.

– Pomme? Ce n’est pas le moment! Viens!

C’est à ce moment précis que je vois les longs rideaux de la cuisine bouger légèrement.
Comme un enfant, elle s’est cachée…
Ce qu’elle ne réalise pas, c’est qu’un bout de sa queue dépasse du rideau.
Le traître!

Faisant celle qui n’a rien vu, je continue à appeler:

– Pomme?

Sa queue remue légèrement, mais elle ne bouge pas.
Je soulève doucement le rideau.
Deux billes noires me regardent, l’air de dire: ‘Mais!? Comment as-tu fait pour me retrouver??? »

Chaque matin, le même rituel se répète, et est devenu prétexte à un jeu.
Elle en a bien besoin: vivre dans un appartement transformé en dépôt où elle doit se frayer un passage entre des ruelles de cartons semble la déprimer.
Encore une semaine à vivre dans cet univers et nous changerons de lieu de vie.
Histoire de lui remettre le moral, je l’ai emmenée visiter notre futur nid.
Comme tout bon chien qui se respecte, elle a minutieusement inspecté chaque pièce, reniflé chaque recoin.
En découvrant l’immense salon disposant d’un superbe parquet marqueté et vitrifié elle m’a jeté un coup d’oeil alléché.
Je me suis dit: « Non… elle ne va pas faire ça?! »

Si.
Elle l’a fait.
Reprenant une habitude qu’elle a développée dès son plus jeune âge, elle a pris son élan, a couru et s’est laissé glisser sur le dos sur toute la longueur de la pièce.
Pomme est la réincarnation d’une boule de curling.
Quand sa cascade a été terminée, elle a gambadé vers moi, un large sourire aux lèvres.
– Alors, ça va mieux? Tu penses que tu seras bien, ici?
Elle a foncé sur la terrasse, s’est dressée sur ses pattes arrière, a regardé les passants et a jappé sur un oiseau posé sur l’arbre d’à côté.

Mission accomplie: elle a adopté les lieux.

Martine Bernier

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