Bichon havanais: Pomme et la déprime

Ce matin, Celui qui m’accompagne devait interrompre momentanément ses vacances pour se rendre à un rendez-vous important.
Alors qu’il hésitait à prendre Pomme avec lui, j’ai refusé,argumentant qu’elle serait mieux avec moi dans l’appartement, qu’à l’attendre dans la voiture.
Dès qu’il a entendu s’ouvrir la porte du garage, mon Mogwaï a exprimé son mécontentement à sa façon.
Elle a eu beau s’étirer de tout son long, Pomme n’arrivait pas à le regarder partir depuis la fenêtre de la cuisine.
En revanche, elle entendait la voiture s’éloigner.
Dès qu’elle a disparu, elle a foncé sur moi.
J’étais installée devant mon ordinateur.
Elle s’est appuyée sur moi et je l’ai caressée distraitement tout en écrivant d’une main.

Et là… j’ai entendu un « wouf » aussi impérieux qu’inattendu.
Elle ne m’avait JAMAIS parlé sur ce ton!
Complètement ahurie, j’ai regardé mon Mogwaï, qui, une patte en l’air, me jetait un regard furieux.
Elle voulait clairement me dire: « Alors quoi??? Je veux te parler et toi tu ne me regardes même pas? Mal élevée!! »

Je me suis tournée vers elle, l’ai caressée, lui ai expliqué qu’Il allait revenir et j’ai repris mon travail.
Elle ne l’entendait pas ainsi.
Elle a trépigné jusqu’à ce que je me décide à me lever.

– Bon, tu veux un os?

Elle m’a suivie jusqu’à l’armoire aux « friandises Pommiennes », a reniflé le sublimissime nonosse parfumé au saumon que je lui tendais, l’a pris comme à contre-coeur entre ses dents et a filé en traînant les pattes.
Deux minutes plus tard, je réalisais que le nonosse en question gisait abandonné au milieu du couloir.
– Pomme!

Elle est arrivée, sans enthousiasme.
– C’est quoâ, CA?

Elle a regardé l’objet du délit et n’a pas du tout semblé impressionnée par mon discours.
– Tu as pensé à tous les pauvres chiens malheureux qui se damneraient pour avoir un beau nonosse comme ça? Arrête de bouder, prend ce truc et file dans ton panier! Ingrate!

Je me suis réinstallée devant mon ordinateur.
Elle me suivait d’un regard réprobateur.
Elle a une fois de plus reniflé mon cadeau, l’a pris dans sa gueule et… a été l’enterrer dans la tente militaire pour chienchiens que lui a offert Celui qui m’accompagne.
Oui, je sais…
Ces deux-là ont une relation privilégiée, bien à eux.
Je dois parfois intervenir: un colosse de près de deux mètres face à un minuscule bichon… le combat est parfois inégal.
Mais Pomme y retourne et le provoque constamment pour qu’Il joue avec elle.

Quand elle a eu terminé d’enterrer son trophée, elle elle revenue vers moi, s’est appuyée contre moi et m’a jeté un regard implorant.
– Pardon? Encore un os? Tu commences une collection? Non, Pomme, va jouer.

Elle a poussé un petit soupir et est allée s’installer devant la porte fenêtre de mon bureau, me lançant de petits regards de reproche et tapant sur la fenêtre du bout de sa patte.

– Pomme! Tu m’agaces! Il ne fait pas chaud, je n’ai pas envie d’ouvrir cette porte.

Elle, si.
J’ai fini par m’exécuter.
Elle est allée sur la terrasse, a essayé de regarder par dessus le balcon pour voir si la voiture revenait.
Voyant que ce n’était pas le cas, elle est allée se coucher au soleil
J’ai été la cajoler, la câliner…
Puis nous avons joué et elle a eu l’air de se ranimer pendant quelques minutes.
L’accalmie n’a pas duré longtemps.
Elle s’étirait , me donnait de petits coups de langue sur le nez, répondait à mes jeux, m’a poursuivie dans l’appartement…
Puis elle a émis poliment le désir de se reposer.
Autrement dit, elle a fermé les yeux et n’a plus bougé une oreille…
De temps en temps, elle passait devant mon bureau, le bruit de ses pas cliquetant sur le parquet.
Elle allait tristement regarder dans le hall et refaisait le chemin en sens inverse, d’un pas lent.
Ce manège a duré jusqu’à ce que le bruit caractéristique d’un moteur qu’elle connaît bien vienne lui chatouiller les oreilles.
Là, mon Mogwaï neurasthénique a été pris d’une frénésie indescriptible.
Des petits bonds de joie, des aller-retours entre le balcon et la porte d’entrée, des petits gémissements de bonheur: le Capitaine était de retour!

A celui qui m’a demandé ce matin si mon chien avait bien accepté mon compagnon, je répondrai… heu… oui, je crois.

Martine Bernier

par

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *