Le chien robot

Ce matin, je lisais un article sur la nouvelle génération des chiens robotisés.
Le dernier arrivé s’appelle Genibo et coûte 2000 dollars.
Il est né en Corée et n’est livrable qu’en Amérique (cela vous étonne vraiment?)
Disponible en blanc, noir, bleu ou rose, on dit de lui qu’il a une personnalité « charmante et espiègle », qu’il n’aime pas qu’on lui touche les flancs et qu’il appartient à la race des bull-terriers.
Il s’endort quand on ne s’occupe pas de lui pendant cinq minutes, fait des bêtises, peut agir de manière autonome et « exprime de l’amour et de la sympathie pour son maître ».
Hum.
Quand je regarde la photo, j’y vois plutôt un bidule de métal fort peu attirant, bardé de capteurs, aux articulations aussi apparentes et laides qu’un pantin raté, et ne ressemblant en rien à un chien.

Comme Pomme rôdait non loin de moi, vaquant à ses occupations canines matinale, je lui en ai touché un mot.
– Un chien robot… qu’est-ce que tu en pense, toi?
Mon Mogwaï qui, elle, est un VRAI bichon havanais avec tout ce que cela comporte de tendresse, d’indépendance et de câlinerie, m’a regardée, interloquée.
– Oui, je sais ça peut surprendre. Note qu’il a des qualités: pas besoin de le sortir quand il pleut, ni de ramasser ses déjections. Pas cher en nourriture et en frais vétérinaires, non plus..

Ce qui s’est passé ensuite, je ne l’ai pas vraiment compris.
Pendant deux heures, Pomme s’est appliquée à me montrer qui elle est.
La démonstration a commencé par une cavalcade à travers l’appartement, son mouton martyre dans la gueule.
Puis elle est allée boire dans l’arrosoir de la terrasse, chose qui lui est interdite.
Ensuite, elle a semé ses os à travers la maison, avant de s’engager dans une partie de football en tête-à-tête avec sa balle en tissu, réduisant au passage le tapis de l’entrée à la condition de vulgaire machin informe et abandonné.
Quelques jappements près de la porte plus tard pour m’informer que mon voisin était dans le couloir, et elle m’accompagnait pour l’arrosage de l’armée de plantes et de fleurs de la maison.
La mission terminée, elle a émis le désir de venir me surveiller pendant que je mettais la dernière main à un article.
De petits mordillements, un regard appuyé et une démonstration de communication muette m’ont fait comprendre que j’avais oublié de lui donner à manger.
Repue, elle s’est laissée tomber sur le dos, sur le sol, exprimant sa joie et son bien-être par de petits bruits assortis de trémoussements.
Quand elle a eu terminée, elle est venue me rejoindre, a posé ses pattes avant sur ma cuisse et s’est étirée de tout son long, dans cette position qui la rend irrésistible.

Pour le cas où je ne l’aurais pas compris, elle venait de me faire comprendre sa pensée.
Qui, en gros se résume à ceci:  » Et tu t’imagines que tu pourrais me remplacer par un bout de ferraille??? »

Martine Bernier

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