Lorsque j’étais enfant, un bonbon trônait régulièrement dans la boîte à bonbons familiale.
Un caramel au miel ou à la cassonade, plutôt long, au nom et au goût incomparables: la babelutte.
Si je trouvais fort bon cette friandise emballée dans un papier blanc agrémenté d’inscriptions en bleu, rose ou vert, selon les sortes, je trouvais complètement excentrique ce nom venu de je ne sais où.
J’ai grandi.
J’ai appris que ce super bonbon, même si la ville de Lille en fabriquait, elle aussi, était une friandise flamande.
Nous y avions droit lorsque nous allions « à la mer ».
Entendez par là la « Mer du Nord », où des boîtes plus appétissantes les unes que les autres se retrouvaient dans les vitrines des commerçants.
Mon père m’avait expliqué que c’était le produit phare de la ville de Veurne, en Flandres, que là étaient réalisées les meilleures, les plus goûteuses babeluttes du monde!
Mais pourquoi « babelutte »???
Il l’ignorait.
Et je continuais à rire à chaque fois que j’entendais le mot.
J’ai encore grandi, quitté la Belgique.
Et je n’ai pratiquement plus jamais mangé de babeluttes.
Mais ce nom rigolo me revient de temps en temps.
Comme ce matin où, regardant bêtement le pansement provisoire que j’avais bricolé sur mon doigt que j’ai délivré de son attelle pour quelques heures, je me suis dit: « Pansement raté. On dirait une babelutte. »
Tiens? Revoilà le mot extirpé de mon passé.
Cette fois, il fallait en avoir le coeur net.
J’ai cherché, et j’ai trouvé.
L’histoire dit que le nom proviendrait des mots flamands « babelen » et » uit », qui signifient en français « parler beaucoup » et « terminé ».
La légende veut que, à l’époque, pour faire taire un bavard,on lui offrait une babelutte.
Essayez de parler avec cela dans la bouche… vous comprendrez!!
J’ai donc appris quelque chose.
Et je me souviens encore de la saveur de ce délicieux bonbon.
Pensez-y si vous allez vous balader en Belgique!
Martine Bernier