Lorsque vous vivez avec un homme qui a eu une longue vie avant vous, une carrière militaire, vous avez beau l’écouter en parler ou avoir vu des photos, vous ne réalisez pas complètement ce que cela implique.
Jusqu’au jour où…
Aujourd’hui, alors qu’il consultait l’un de ces sites où peuvent vous retrouver les personnes qui vous ont côtoyées par le passé, Celui qui m’accompagne m’a dit:
– J’aimerais te faire lire quelque chose…
Mes lunettes ayant pris la clé des champs, comme à leur habitude, je lui ai demandé de me lire lui-même ce qu’il voulait me faire découvrir.
C’était un message de l’un de ses anciens soldats, qui se souvenait avec émotion des années passées sous ses ordres.
Il se rappelait combien il était craint et apprécié tout à la fois.
Et il le remerciait pour le rôle important et formateur qu’il avait joué dans sa vie, dans sa trajectoire d’homme.
Quand il a eu fini, j’étais émue.
– C’est beau… Craint, toi? Je n’arrive pas à y croire. Tu étais si terrible?
– Hé oui! Il le fallait… nous formions des hommes qui pouvaient aller à la guerre. Il fallait les préparer, les renforcer. Tiens, je n’avais pas vu que l’on pouvait recevoir des messages sur ce site!!!
Il a ouvert la liste des messages.
Elle était interminable.
Ses hommes, ses amis, l’avaient cherché et retrouvé et lui envoyaient des messages.
Je l’ai regardé, mon Capitaine…
J’ai auprès de moi un géant, un « grand escogriffe », comme disait l’un de ses complices, d’une malice et d’une douceur que j’apprécie tous les jours davantage.
Un homme qui parle peu de lui s’il n’y est pas prié, qui m’a à peine laissé entrevoir ce qu’il a pu apporter aux autres.
Aujourd’hui, je le découvre encore un peu plus à travers ces messages, et ce que je pressentais se confirme.
A travers ceux qui l’ont connu, je perçois la dimension de cet homme qui n’aime pas vraiment parler de lui.
Et là, je réalise…
Je réalise la chance que j’ai.
Martine Bernier