Bichon havanais: Pomme et le panier apéritif

Toutes les conditions étaient réunies: j’avais un peu de temps devant moi, la température était clémente…
J’ai donc prévenu Pomme dès le réveil: 

– A huit heures, je te donne une douche!

Parfaitement consciente de ce que cela veut dire, elle a continué à vaquer à ses occupations jusqu’à  l’heure fatidique.
Lorsque je l’ai appelée pour qu’elle me rejoigne dans la salle de bains, elle est arrivée en courant.
Puis, voyant ce que je m’apprêtais à lui faire, elle  a fait le geste de tourner les talons pour filer dans l’autre sens.
Peine perdue: trente secondes plus tard, elle ressemblait à une serpillère mouillée.
Séchage énergique, papouilles, séance de sèche-cheveux,  coiffage  et récompense à la clé…
Délivré de sa corvée matinale, mon Mogwaï a filé comme un lapin retrouver ses jouets.

Pomme a une particularité: très curieuse, elle s’implique dans chacun de nos gestes de la vie quotidienne.
Dès que l’un de nous bouge, elle vient voir ce que nous faisons, et participe autant que possible.
Raison pour laquelle elle a le téléphone en horreur.
Elle ne comprend pas que je puisse parler toute seule.
Elle fait donc tout pour me ramener à la raison.
Dès qu’il sonne et que je réponds, soit elle dort, soit elle me joue la grande scène du IV, tapant des pattes par terre en me regardant, poussant de petits jappements impatients…. et partant comme une flèche dès que je grogne à son intention.

Ce matin, elle a changé de technique.

Mes proches connaissent mon amour pour les paniers,  les boîtes et les coffres.
Dans mon bureau, une partie bien précise de ma documentation est installée dans un panier rond à anses, haut d’une trentaine de centimètres.
Il est installé à ma gauche, à deux mètres de moi.
Lorsque le téléphone a sonné, tandis que je commençais la conversation, Pomme s’est avancée vers le panier, nonchalamment.
Elle lui a jeté un air distrait  et… tout en me regardant innocemment, elle s’est appuyée contre MON panier, et  a commencé à en mâchouiller délicatement la anse, sans sembler y prêter attention, histoire de passer le temps.
Sa posture et son air étaient tellement drôles que j’ai dû me retenir pour ne pas rire.
Pomme n’est pas un chien destructeur.
Elle n’a jamais rien cassé ni rongé en dehors de ses os ou ses jouets… et, une fois, des fils de mon imprimante, lorsqu’elle étudiait l’informatique.
Alors manger un panier…
Ce geste qui ne lui était pas coutumier, elle ne savait pas qu’elle ne pouvait pas le faire puisque je n’avais jamais eu à lui interdire.

J’ai interrompu le fil de la conversation.
Sans élever la voix, j’ai regardé mon candide Mogwaï et je lui ai dit poliment:

– Non, Pomme. Ca, ça ne se mange pas.

Elle a immédiatement arrêté de mâchouiller. 
La bouche entrouverte sur la anse du panier, elle est restée cinq bonnes secondes à réfléchir.
– Pomme? Non.

Elle a lâché ce qu’elle pensait pouvoir être sa nouvelle distraction, le « panier apéritif », m’a lancé un regard de reproche et est sortie à pas lents sur le balcon éclaboussé de soleil.
Décidément, ce n’était pas sa matinée…

Martine Bernier
 

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