Durant deux ans, les médecins m’ont soumise à un régime extrêmement strict pour protéger Gérard, mon rein récalcitrant.
Pas de fruits apportant des vitamines C, pratiquement pas de légumes, ni de poisson, ni de crustacés, ni de viande rouge, ni de lentilles, etc etc.
Quand vous n’allez pas bien, vous ne discutez pas et vous suivez à la lettre ou presque les instructions venues d’en haut.
Avec tout ce que cela comporte au niveau des privations et du déséquilibre alimentaire que cela provoque.
Mardi, après avoir fait tous les examens exigés pour le « contrôle des six mois », je me suis présentée chez mon néphrologue qui, depuis quelques mois, me semblait de plus en plus rebuté par ce régime draconien.
Cette fois, Celui qui m’accompagne était à mes côtés, bien décidé à apprendre comment nourrir un spécimen qui n’a droit à rien ou presque.
La visite s’est déroulée dans une ambiance très drôle où nous avons partagé quelques beaux fous rires, tous les trois.
Lorsque je suis sortie, la nouvelle était tombée: j’avais à nouveau le droit de manger de tout ou presque, mais sous condition de recommencer dan trois mois tous les examens afin de vérifier que cela ne me remet pas dans une situation délicate.
La médecine évolue, les exigences médicales se modifient, les spécialistes du rein réfléchissent, font des choix, essaie de rendre la vie des patients la moins contraignante possible.
Et c’est tant mieux!
Ce mardi était le jour de l’anniversaire de Celui qui m’accompagne et j’avais prévu de l’inviter dans un bon restaurant.
C’est donc devant une cuisine fine que j’ai retrouvé pour la première fois en deux ans le goût du poisson, des légumes et des fruits.
Depuis, en évitant toujours certains aliments trop risqués pour moi, je retrouve le chemin des saveurs, qui me rend ce printemps encore plus éclatant que d’habitude.
Martine Bernier
