Avez-vous déjà entendu parler de la Théorie des 21 grammes ou de Duncan MacDougall?
Oui? Non?
La démarche de cet homme est méconnue mais pour le moins étonnante…
Né en 1866, Duncan était un médecin américain.
En 1906, il décida d’apporter sa contribution à l’avancement de la science, bien décidé à découvrir quel est… le poids de l’âme.
Oui, je sais, c’est surprenant, mais c’est ainsi.
Il a donc pesé six mourants (pas de précisions sur la manière dont il a présenté sa requête aux malheureux en question), juste avant qu’ils ne décèdent, puis juste après qu’il ait rendu leur dernier souffle.
Et il a constaté, entre ces deux moments, une variation de poids située entre 10 et 70 grammes, selon les personnes, soit une moyenne de trois quarts d’once ou 21 grammes.
Satisfait de son résultat, il a renouvelé son expérience, cette fois sur 15 chiens (dont on dit qu’il a dû les droguer puis les empoisonner, l’affreux MacDougall !).
Et là… rien.
Pas un gramme de moins entre l’avant et l’après.
Triomphe pour Duncan: les animaux n’ont pas d’âme, c’est bien connu!
Il venait, selon lui, de prouver la matérialité de l’âme humaine!
Alleluia!
A ceux qui trouvaient un peu bizarre que, chez certains patients, la perte de poids avait lieu plusieurs minutes après le décès, le médecin avait une réponse toute prête: ces personnes étaient un peu lentes d’esprit.
Il fallait y penser.
Très fier de sa trouvaille, notre médecin a publié le compte-rendu de ses travaux dans l’American Medicine.
Inutile de préciser que ses collègues scientifiques ont méprisé et raillé ses recherches, leur reprochant leur manque de rigueur et le nombre trop faible d’individus sur lesquels elles avaient été menées.
Cette prise de position n’a pas empêché le public d’être impressionné par l’annonce de Duncan.
Les rieurs comme les crédules se sont mis à relayer l’information.
Et la Théorie des 21 grammes a fini par inspirer un film (« 21 grammes » d’Alejandro Gronzalez Inarritu, en 2003) et un roman d’André Maurois, « Le Peseur d’âmes », publié en 1931.
Ah, j’allais oublier…
A l’époque stalinienne, d’autres chercheurs ont effectué des expériences sur le même sujet.
Ils avaient placé des mourants sur des lits posés sur des balances de précision.
Leurs résultats ont été publiés, eux aussi, et il a fallu se rendre à l’évidence: les chiffres variaient d’une personne à l’autre.
Certaines même pesaient quelques grammes de plus après leur décès.
Ce qui me surprend dans ces expériences?
Aucun de ces chercheurs n’a pris en compte le fait que l’âme est un concept immatériel…
Sont-ils distraits!
Martine Bernier