C’est un reportage de la BBC qui m’a fait connaître l’histoire de Clive Wearing, voici quelques années.
Ce chef d’orchestre britannique, était un pianiste et musicien talentueux.
Il menait une carrière brillante lorsque, le 27 mars 1985, il est tombé malade.
Les médecins ont diagnostiqué une encéphalite herpétique.
Cette maladie a provoqué une amnésie foudroyante.
Lorsque le documentaire a été tourné, vingt ans plus tard, Clive était devenu un cas d’étude.
Car, depuis la maladie, toutes les 30 secondes, sa mémoire s’efface.
Il oublie absolument tout.
Si quelqu’un lui rend visite, il lui fait la fête comme s’il ne l’avait plus vu depuis des années.
Il suffit que la personne quitte la pièce quelques instants pour qu’il lui réserve le même accueil, ayant oublié qu’il venait de la quitter quelques minutes auparavant.
Dans le reportage, Clive notait tout ce qu’il vivait.
C’était le seule moyen pour lui de pouvoir croire ses interlocuteurs lorsqu’ils lui disaient qu’ils venaient de se voir.
Difficile d’imaginer le désespoir qu’il doit alors ressentir en prenant conscience que sa mémoire ressemble à un disque dur constamment reformaté.
Dans cet univers d’oubli, il lui a pourtant été laissé certaines choses.
Clive n’a rien perdu de ses facultés musicales: il joue toujours du piano et sait toujours déchiffrer une partition sans effort.
Ce reportage m’avait beaucoup frappée.
Clive Wearing a aujourd’hui 73 ans et la portée de sa mémoire, ne dépasse plus sept secondes.
Il est toujours cet homme courtois et raffiné, ressemblant à un enfant perdu.
Son histoire est étudié par les spécialistes du monde entier, dont certains ont exposé le cas d’un autre musicien, un violoncelliste, souffrant des même troubles en Allemagne.
Et lui non plus n’a pas perdu son habileté musicale.
Le cerveau n’a pas livré tous ses secrets…
Martine Bernier