Nous nous sommes rencontrés il y a une vingtaine d’années.
Déjà…
Mon travail m’a conduite aux Diableretes, station de montagne des Alpes vaudoises, pour ceux qui ne connaîtraient pas.
Je ne sais plus par quel biais j’y ai découvert « La Hotte » pour la première fois.
La Hotte, un minuscule chalet en bois dans lequel était organisées des expositions.
Les artistes et artisans de la région s’étaient regroupés en association et présentaient leur travail à la population et aux hôtes de la station.
Parmi eux, Christine était déjà le personnage clé de l’endroit.
Céramiste, elle était l’une des « locomotives » de l’association, pétillante et chaleureuse.
C’est elle que je rencontrais lorsque je consacrais un article à la Hotte.
Je suis devenue une fidèle, rencontrant les artistes, présentant les expositions dans un journal local aujourd’hui disparu.
De fil en aiguille, nous avons tissé des liens d’amitié, elle m’a présenté son mari que j’ai toujours considéré comme un sage, et nous nous sommes vus de plus en plus souvent.
Parallèlement, mon travail, toujours lui, m’avait amenée à faire la connaissance de l’une des institutrices village, Solange.
Une petite femme fine et drôle avec laquelle je me suis également très bien entendue.
Là encore, elle m’a présenté son mari, Jean, dont le tempérament artistique et son amour pour la musique m’ont séduite.
Tous les quatre se connaissaient entre eux.
Autour de la Hotte sont nées de belles amitiés.
Dont celle qui m’a accompagnée plusieurs années: Agapé Pichard, une femme sculpteur bouleversante et un être hors du commun.
Son décès a ravagé le coeur de tous ceux qui l’ont aimée.
Dans mon premier livre, « Eclats de Vie », j’ai consacré des portraits à plusieurs de ces personnages haut en couleur qui gravitaient notamment dans ce coin de montagne.
J’ai commencé à travailler pour des médias plus importants, les journaux locaux de l’époque ont disparu, le temps a passé.
Je continuais à rencontrer mes amis de là-haut, jusqu’au jour certains tournants de ma vie m’ont fait changer de direction.
Pendant plusieurs années, nous ne nous sommes plus vus.
Jusqu’à ce que, voici deux semaines, nous tombions sur Christine et Solange à la sortie du cinéma, mon Capitaine et moi.
Cette fois, il ne fallait pas laisser passer l’occasion.
J’ai proposé une rencontre qui nous réunirait tous les six, et ils ont dit oui sans hésitation.
Nous avons fixé une date et, ce week-end, la Bande des Quatre est venue nous voir au nid.
Nous avions beaucoup de choses à nous dire…
Le temps a passé doucement, au fil des retrouvailles et des confidences.
Très vite, mon Capitaine a trouvé sa place dans le groupe.
Lorsque l’on vit ces moments-là, privilégiés, il faut vraiment prendre conscience qu’ils font partie de ceux que l’on n’oubliera pas, qui restent des perles.
Ces pages de vie au cours desquelles les êtres se perdent de vue puis se retrouvent me touchent profondément.
Nous avons vécu beaucoup de choses ensemble.
Et là… nous avons repris le fil, tout simplement.
Martine Bernier