L'appel dans la nuit

Il était passé 22 heures et j’étais seule au nid, avec Pomme, quand le téléphone a sonné.
Un appel aussi tardif est inquiétant.
En principe, je ne décroche pas lorsque l’appel est masqué.
Là, je l’ai fait.
Au bout du fil, il y avait une voix féminine que je ne connaissais pas.
Elle n’était pas sûre d’elle du tout, balbutiait, s’est excusée de m’appeler aussi tard.

Elle a fini par me dire qu’elle lit mes articles et mon blog depuis longtemps.
Elle est même abonnée au journal dont je m’occupe.
C’est là qu’elle a trouvé mon numéro de téléphone.
Au début, j’ai pensé qu’elle voulait réagir à un article ou me demander d’en écrire un.
J’ai finalement compris que ce n’était pas le but de son appel.
Elle m’a dit:

– Je suis divorcée, je n’ai pas d’enfants et je suis très seule. Aujourd’hui, j’ai appris que j’ai le cancer. Je ne savais pas qui appeler. J’ai pensé à la Main Tendue. Mais c’est vous que j’ai appelé parce que j’ai l’impression que vous pouvez me comprendre.

Ce qu’elle m’a dit m’a fait un choc énorme.
Nous avons parlé longtemps.
Ou plutôt, elle m’a parlé et je l’ai écoutée.
Une histoire de femme dans laquelle chacun de nous peut se retrouver: de mauvais choix, la confiance placée dans de mauvaises personnes, les blessures puis la solitude et, aujourd’hui, la maladie.
Quand nous nous sommes quittées, elle avait en main quelques pistes.
Je lui ai donné des adresses, lui ai confié des éléments  qui m’ont permis de tenir à une époque.
Elle m’a dit que notre conversation lui avait redonné espoir, l’envie.
Elle m’a remerciée, s’est encore excusée et a raccroché.
Pomme me regardait, embrumée de sommeil. 
Je suis allé me coucher tandis que 

Ce matin, ces quelques lignes sont pour ma visiteuse de la nuit.

Martine Bernier
 

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