Madame Sagan et ses vies effleurées

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Avant l’âge de 20 ans, j’avais lu tous les livres et les pièces de Françoise Sagan.
Il faut dire qu’ils n’étaient pas très épais et qu’ils se dégustaient facilement.
J’y découvrais des univers qui m’étaient inconnus, des personnages complexes, qui ont souvent tout pour accéder au bonheur, mais qui se perdent dans des huis clos amoureux, dans des ennuis nonchalants…
Très éloignés de mon monde, ils me fascinaient et me rendaientperplexes.
Dernièrement, j’ai glissé dans mon sac une édition de poche de la biographie de Françoise Saga, que j’ai lue dans les salles d’attente.

« Avec mon meilleur souvenir » a réveillé la tendresse que j’ai gardée pour cette femme douée, sensible, timide paraît-il, et plutôt semblable à ses personnages.
Qui dit Sagan dit talent précoce, avec un premier roman à succès à l’âge de 19 ans, amour de la vitesse, du jeu, de la cigarette, vie sentimentale compliquée.
Lucide jouisseuse, enfant gâtée, adorable menteuse, elle finit par ressembler  à ses personnages, aisée, insouciante.
Elle assume des engagements politiques souventprovocateursr, une vie riche en amitiés et en amours intenses, mais terminera sa vie tristement, ayant perdu la plupart de ceux qu’elle aimait.

Sa biographie n’est pas franchement une biographie classique.
Ce sont des retours sur image sur des chapitres de sa vie qui ont compté pour elle.
Elle y parle avec tendresse d’Orson Welles,  de Billie Holiday, du jeu, de la vitesse, de Tennessee Williams…
Je suis retombée sous le charme de son écriture, de sa délicatesse, en moins de temps qu’il n’en faut pour dévorer 150 pages de souvenirs.
Dans la foulée, ayant découvert une réédition de quelques-uns de ses romans et de ses nouvelles, j’ai enchaîné…
Des vies effleurées…

En la lisant, je repensais à des interviews où je l’avais vue, se cachant derrière ses mèches blondes.
Notamment à ce morceau d’anthologie que fut le faux entretien dans lequel Pierre Desproges, que j’adorais, jouait le rôle du faux journaliste débutant.
Elle avait été délicieuse de patience et de tolérance durant ce moment surréaliste…
Aujourd’hui, à chaque fois que je relis l’un de ses livres, j’ai l’impression de rendre visite à une vieille amie fragile, un peu déphasée.
Pas question de l’oublier…

Martine Bernier

– « Avec mon meilleur souvenir » Françoise Sagan, Folio
– « Des bleus à l’âme – Un orage immobile suivis de 17 nouvelles » Françoise Sagan, France Loisirs

Interview de Sagan par Desproges

 

 

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