Nous n’étions plus retournés à Chiboz depuis notre mariage, au tout début de l’été.
Même si mes contacts avec la Dame de Chiboz sont très réguliers, nous ne nous étions revues qu’une fois par la suite, chez nous.
Le « Relais des Chasseurs », le restaurant familial tenu par la famille, est très réputé, particulièrement pour ses plats de chasse, en automne.
Pour goûter la « chasse » de Chiboz, les clients réservent des mois, voire un an à l’avance.
Nous avions donc renoncé à remonter avant le printemps prochain, sachant combien il est difficile de trouver une table… et combien mon amie de là-haut est occupée pendant cette période.
Et puis, voici quelques semaines, elle m’a proposé de trouver une date qui nous conviendrait…
Ni mon Capitaine, ni moi, ne sommes très amateurs de plats de chasse.
Nous le lui avions dit, naïvement… lui avouant que nous ne rêvions que du gratins d’escargots à la lie, merveille savourée en toute saison.
Hier, par un soleil rayonnant, nous avons repris le chemin de Chiboz, flanqués de Pomme.
En empruntant la route qui se faufile entre les vignes et la forêt, au-dessus de Fully (VS), j’ai eu l’impression d’entrer dans un tableau vivant.
Les couleurs de l’automne étaient somptueuses…
Nous avons suivi la route piquetée d’or et de pourpre jusqu’au hameau perché tout là-haut.
Revoir la Dame de Chiboz est toujours pour moi un plaisir immense.
Cela ne s’explique pas…. cela se vit….
Comme à chacune de nos visites, nous avons été très heureux de retrouver chaque membre de sa famille, des plus petits aux plus grands, tous habités par la même gentillesse, le même naturel .
Seul manquait le Maître des lieux, qui sillonnait ce jour-là les chemins de montagne, dans le sillage d’un bouquetin.
Nous avons très vite compris que, en effet, le restaurant vit dans une ambiance trépidante durant l’automne.
Il était plein comme un oeuf, fréquenté par des habitués de longue date ou non, des amateurs de bonne chair et de belle ambiance.
Je ne connais pas une personne, là-haut, qui ne soit souriante, chaleureuse et accueillante, y compris en plein « coup de feu ».
Cette qualité d’accueil fait partie des grands charmes du lieu…
Après une courte réflexion, nous nous sommes dits que, pour que la carte de chasse du restaurant jouisse d’une telle réputation, il fallait vraiment qu’elle soit exceptionnelle.
Et nous avons pensé qu’il serait ridicule, voire sacrilège, de ne pas nous laisser tenter…
Mon Capitaine et moi avions tous deux à l’esprit des expériences de viandes longuement marinées, fortes, nappées de sauce épaisse et indigeste.
Des plats qui ne correspondent pas à ce que nous aimons.
Ce vendredi, nous avons découvert une chasse bien différente, et avons compris pourquoi la réputation de la maison a largement dépassé les frontières de la Suisse.
Yolande, la Dame de Chiboz, nous a expliqué qu’ici, la viande n’est pas marinée.
Nous avons dégusté des médaillons de chevreuil et de chamois, pour moi, de chamois et de sanglier pour Celui qui m’accompagne.
Un grand moment de gastronomie que nous devons à Emilie, qui règne sur la cuisine avec son équipe.
Une première fois, Yolande a tenté de trouver une chaise pour venir s’attabler avec nous.
Impossible: il n’y avait plus le moindre siège de disponible dans tout l’établissement!
Ce n’est qu’en fin de repas qu’elle a pu trouver une chaise désertée et venir partager le dessert avec nous.
Ah… les conversations partagées avec la Dame de Chiboz…
Elles sont douces, passionnantes, empreintes de sensibilité…
Je l’écouterais pendant des heures…
En nous raccompagnant à la voiture, elle a fait escale dans une annexe du restaurant pour nous offrir des légumes.
En entrant dans une deuxième cave, elle nous a confié:
– Ici, les araignées sont là depuis très, très longtemps… et nous ne les chassons surtout pas! Il paraît qu’il s’agit d’une espèce rare.
N’écoutant que mon courage, moi qui ai la phobie de ces charmantes bestioles, j’ai déserté la pièce en riant, faisant remarquer au passage que leur rareté me faisait plutôt plaisir!
Un éclat de rire de plus partagé à Chiboz…
La prochaine rencontre se fera chez nous.
Et dès que le printemps reviendra, nous remonterons dans ce nid d’aigle si particulier où le temps semble s’arrêter sur les plus belles heures…
Martine Bernier
2 réflexions sur “Retour à Chiboz…”
Ah oui, Martine et les araignées! Comme dans « notre » village de montagne: en rentrant du marché, tu avais vue une araignée sur l’escalier et je devais d’abord le tuer pour que tu oses passer!
je l’avoue: çà n’a pas changé! 😀