J’ai eu un choc, hier, en découvrant la nouvelle.
A Amsterdam, un laboratoire a reproduit des tableaux de maîtres grâce à une imprimante 3D.
Parmi eux, « Les Tournesols » et « Les amandiers en Fleurs « de Van Gogh sont parmi les premiers à avoir été présentés aux médias.
Le résultat est d’une précision quasi parfaite: seuls les experts peuvent faire la différence…
« Les Tournesols » ont pour valeur estimée 50 millions d’euros.
Leur réplique en vaut désormais 30’000.
Le relief, la texture, tout est reproduit à la perfection.
L’imprimante allie la technique de la 3D à celle de la copie.
Même les châssis des oeuvres sont parfaitement copiés.
Et tout est tellement réussi que l’entreprise qui fait ce travail doit apposer une plaque indiquant qu’il s’agit bien d’une reproduction.
Vous allez dire: c’est bien, plus de monde pourra un jour s’offrir sa toile préférée.
Le succès commercial est déjà au rendez-vous.
Le directeur de l’entreprise qui effectue ce travail a beau expliquer que ses machines ne font pas de l’Art, la polémique enfle.
Beaucoup, dont je fais partie, déplorent que la démarche dégrade le caractère unique des oeuvres.
Un jour viendra sans doute où les tableaux de Monet subiront le même traitement.
Lorsque je rends visite à ses oeuvres dans un musée, je suis toujours fascinée, happée par les traits, les coups de pinceaux ou de spatules qui témoignent de la force de vie de l’artiste, de ses gestes.
Je crois que je serais très mal à l’aise de me trouver devant une copie aussi parfaite.
Depuis leur création, les imprimantes 3D me font peur.
L’expérience de ces derniers mois nous a déjà montré qu’elles permettaient le meilleur comme le pire.
Un homme fabrique une main artificielle pour son fils né sans mains, prothèse qu’il ne pouvait lui payer jusqu’ici.
D’autres hommes fabriquent des armes avec la machine révolutionnaire.
Bientôt, n’importe qui aura accès à cette nouvelle technologie.
Plus les jours passent, plus je crains que ce ne soit pas forcément une bonne idée.
Martine Bernier