Les réactions de Pomme, ma petite chienne Bichon havanais, me fascinent.
Sa curiosité et son comportement me font dire qu’elle est dotée d’une forme d’intelligence plutôt évoluée…
J’ai souvent entendu dire, de la part de personnes qui ne connaissent pas vraiment les chiens, que ces derniers ne s’intéressent qu’à la nourriture, n’aiment leurs maîtres que parce qu’ils leur donnent à manger etc etc.
Faux… et je le prouve.
Ce matin, je devais changer les piles dans un appareil assez volumineux: le plateau de la Wii.
Je prends l’objet en question et un paquet de piles avec moi, m’installe dans le canapé du salon et pose l’appareil à l’envers pour lui ouvrir le ventre et en retirer les batteries usagées.
Comme à chaque fois que je fais quelque chose qui l’intrigue, Pomme me suit à la trace, se dresse sur ses pattes arrières et pose l’une de ses pattes avant sur le bord du canapé, suivant d’un oeil attentif le moindre de mes gestes.
De temps en temps, elle pose sur moi un regard interrogateur.
Ses grands yeux noisettes semblent attendre une réponse.
Je retire la première pile et la lui montre, la laissant la renifler:
– Tu vois, ça ne se mange pas.
Son examen effectué, elle aurait pu se désintéresser de la chose… mais non.
Bien décidée à assister à toute l’opération, elle reste là, dans la même position, toujours aussi attentive.
A chaque pile que je retire, elle tend le cou pour que je la lui montre.
Même chose avec les batteries neuves et le couvercle du boîtier.
A chaque fois, le même scénario se répète: je lui tends l’objet, elle le scrute le renifle, puis me regarde longuement, une patte en l’air, comme si elle attendait des explications.
Devant ce regard affûté, je ne peux pas m’empêcher de lui en fournir:
– Maintenant, avec des piles neuves, il va refonctionner…
J’allume l’appareil, un petit voyant bleu s’allume, que Pomme repère immédiatement.
Elle a un léger sursaut, me regarde à nouveau.
– Et voilà! Il remarche!
Pour me le prouver, je connecte la Wii et me lance dans une série d’exercices destinés à entretenir ma forme hypothétique.
Aussitôt, Pomme saute sur le fauteuil le plus proche de moi, croise ses pattes avant qu’elle laisse pendouiller le long de son siège, et m’observe.
– Toi, si tu te moques de moi, je serai terriblement vexée!
Mais non… elle ne se moque pas.
Elle contemple avec beaucoup d’attention les gestes étranges qu’est capable de faire cette drôle de nana qu’elle considère comme sa mère de substitution.
Vaguement mal à l’aise, je me mets à sa hauteur et lui explique:
– Je sais: cela peut te paraître bizarre. Mais si je fais comme toi et que je me mets à courir dans le jardin comme une dératée juste pour faire un peu d’exercice, je vais me faire interner dans la minute qui suit! Donc, je bouge discrètement! Et je ne suis pas folle pour autant. Tu comprends?
J’ai vu dans le regard de mon Mogwaï une lueur de bienveillance.
Elle m’a gratifiée d’un petit coup de langue sur le nez.
Elle a compris.
Martine Bernier
