Hier, en fin d’après-midi, nous prenions la route de Martigny.
Direction la Fondation Gianadda où Monsieur Gianadda nous avait conviés au dernier concert de la saison, celui d’I Solisti Veneti, orchestre prestigieux venu de Padoue.
Une saison qui se termine plus précocement que d’habitude en raison de l’arrivée prochaine des oeuvres du British Museum honorant la beauté du corps dans l’Antiquité grecque, qui seront exposées dès le 28 février.
« A la place des chaises du Temple Central se trouvera pas « un des » mais « LE » Discobole, » rappelait le maître des lieux.
Un Discobole attendu comme un invité de marque…
Ce soir-là, Martigny recevait un match de hockey.
Deux files de voitures se dirigeaient vers le coeur de la ville: l’une se rendant au match, l’autre au concert, le tout soigneusement géré par un service de police efficace.
La foule des grands soirs se pressait vers la Fondation.
Mille personnes étaient présentes et tout le monde n’a pas pu entrer, précisait notre hôte.
Et la soirée a débuté…
Les ingrédients pour qu’elle soit exceptionnelle étaient tous réunis: des musiciens extrêmement brillants, un chef d’orchestre, Claudio Scimione, irradiant d’un bonheur contagieux, une ambiance chaleureuse née de plusieurs décennies d’une solide et longue amitié entre l’orchestre et le couple Gianadda, une salle réceptive et gourmande…
I Solisisti enchante régulièrement les murs de la Fondation.
Composé d’une majorité de solistes, l’ensemble a visité ce soir un répertoire riche en surprises, placé sous le thème « Les Vénitiens, peintres de la Musique ».
Chacune des pièces choisies mettait en valeur des instruments particuliers grâce à de véritables virtuoses: la trompette, le hautbois, la clarinette, le violon, la viole d’amour, le luth , la mandoline et, plus inattendu, le magnifique théorbe, sorte de grand luth à cordes pincées.
Tous se sont mis au service des oeuvres de Torelli, Albinoni, Salieri, Tartini, Drigo, pour finir en apothéose avec des oeuvres rares de Vivaldi.
Un programme parsemé de bijoux.
L’enthousiasme du public était en parfaite osmose avec le don des musiciens qui ont fait preuve d’une générosité exceptionnelle en complétant le programme par plusieurs rappels.
Au final, le public applaudissait debout, et les sourires étaient sur toutes les lèvres en quittant la salle.
Comme à notre habitude, nous sommes sortis par les jardins.
En partant, je pensais à l’effort fourni par toute l’équipe de la Fondation qui, avec des moyens modestes, réussit l’exploit d’accueillir et d’installer un public important dans de bonnes conditions.
La qualité de cet accueil contribue largement à la réussite de ces soirées enrichissantes, qui nous remplissent le coeur.
Hier soir, tandis que la rose rouge posée sur le siège qui a été celui occupé par Mme Gianadda pendant des années lui rendait un hommage discret, la musique nous a entraînés dans un univers jubilatoire!
Je sais que la majorité des personnes présentes ce soir en a conscience: ces moments hors du temps, nous les devons à Léonard Gianadda, hôte chaleureux, généreux et authentique, qui est décidément très doué pour réaliser les rêves impossibles.
Dans la nuit, après avoir semé des bouquets de notes, I Solisti Venetti reprenait le chemin de Padoue…
Martine Bernier