Il était hors de question pour moi de ne pas revoir une fois encore l’exposition « La beauté du corps dans l’Antiquité grecque », à la Fondation Gianadda.
Je pouvais le faire hier, dans l’après-midi, et je l’avais signalé dans mon dernier message à Monsieur Gianadda.
Hier donc, vers trois heures, nous nous sommes présentés à l’entrée.
Alors que nous tendions nos cartes bancaires, notre interlocutrice, avec laquelle j’ai déjà échangé quelques mots par le passé, m’a reconnue et m’a remercié pour mon travail:
– Monsieur Gianadda m’a dit que vous alliez passer. Vous savez, nous apprécions beaucoup vos articles.
– C’est très gentil, merci! Je suis venue revoir l’expo pour écrire un article qui passera demain sur Ecriplume.
– Formidable! Monsieur Gianadda vous attend, il est dans le jardin!
J’étais surprise: je n’espérais pas avoir le plaisir de le saluer.
Avec mon Capitaine, nous avons donc fait un crochet par le jardin, beau et exubérant sous le printemps.
Monsieur Gianadda était à la cafeteria avec l’une de ses collaboratrices.
Leur table était recouverte de documents: ils travaillaient en profitant du soleil.
J’avais des remords de les déranger, mais notre hôte nous a souri et m’a dit:
– Vous voyez, j’ai décidé de m’installer ici pour pouvoir vous saluer quand vous arriveriez!
Je ne sais pas si c’était tout à fait vrai, mais c’était extrêmement gentil de me le dire!
Nous les avons laissés à leur séance après avoir échangé quelques mots, et nous sommes repartis à la découverte de cette exposition accueillant les merveilles venues du British Museum.
Dire que l’ensemble est splendide n’est pas très original… mais tellement vrai…
Les visiteurs, très nombreux ce mercredi, font un bond dans l’Antiquité, dans un monde de beauté et de pureté des formes.
Beaucoup de ces œuvres magistrales, nous les avions vues alors qu’elles étaient en cours d’installation. ( L’exposition côté coulisses )
Cette fois, tout était parfait…
Une jeune femme, assise face à la statue, dessinait le Discobole sur un carnet de croquis.
Un couple âgé était en arrêt devant le visage d’Hera, visage sculpté les lèvres entrouvertes.
Un monsieur commentait à son épouse les particularités du buste d’Héraclès, tandis que deux amies s’extasiaient devant la vitrine contenant les parures d’or.
Trois petites filles découvraient la gigantesque maquette d’Olympie en s’enthousiasmant devant chaque détail.
Une fois encore, j’ai été happée par l’atmosphère des lieux.
Ici, les visiteurs se sentent heureux, tout simplement.
Non seulement ils sont sous le charme de ces trésors exposés, mais ils découvrent une infinité de détails sur la vie quotidienne de ceux qui nous ont précédés, entrant dans leur intimité grâce à ces indices qu’ils nous ont laissés.
Comme chacun d’entre nous, j’ai à chaque exposition des coups de foudre pour certaines œuvres.
Dans le cas présent, j’ai tout aimé: il s’agit d’une exposition de très haut vol, passionnante.
Mais, une fois encore, j’ai eu mes favoris.
Vous avez été plusieurs à m’envoyer des messages pour me demander de détailler mes coups de cœur en indiquant les numéros sous lesquels vous pourrez les retrouver dans le catalogue.
Vous les trouverez entre parenthèses, sachant qu’à une seule reprise, je n’ai pas retrouvé une statuette à travers les pages: il s’agit d’une petite Aphrodite aux yeux de diamants.
Peut-être ai-je mal regardé…
Avant même de venir à Martigny, j’avais été séduite par une statuette et femme en terre cuite dont j’avais vu la photo que j’avais utilisée pour l’un de mes articles.
La découvrir pour de bon m’a touchée, séduite autant, d’ailleurs, par elle que par sa voisine de vitrine. (21 et 22)
J’aime ces oeuvres discrètes, qui semblent se cacher dans l’ombre des stars absolues comme le Discobole, mais qui sont des bijoux d’harmonie, de grâce et parfois de gravité comme l’est le très beau marbre blanc représentant Socrate (102)
Le marbre de figure de femme (12) qui fait peut-être partie de ceux qui ont inspiré Modigliani, le bronze « Le philosophe » (65), la figurine d’un convive (66), la découpe précise et légère des bijoux féminins ou le vase en bronze à figure humaine, représentant une femme africaine à la beauté parfaite (133)… la richesse des multiples amphores présentées… j’ai été de surprise en surprise.
Chaque objet mériterait d’être cité.
J’ai adoré la vitrine contenant les figurines des acteurs, et j’ai passé beaucoup de temps à admirer le pêcheur vendant ses prises (117) un marbre sidérant de finesse (le tissu de son vêtement est une véritable dentelle…) et de vivacité.
L’année 2014 est encore une année exceptionnelle pour la Fondation, avec des expositions majeures.
Vous avez jusqu’au 9 juin pour visiter celle-ci avant que ces merveilles ne reprennent la route de Londres.
Et, surtout, ne quittez pas les lieux sans emprunter le couloir qui mène à la salle des trois statues découvertes à Martigny.
J’ai déjà parlé de ce lieu transformé pour l’occasion en écrin noir mettant en valeur ces trésors revenus du passé.
C’est l’une des grandes émotions de cette édition illuminée par la majestueuse présence du Discobole…
Martine Bernier
La Beauté du corps dans l’Antiquité grecque, jusqu’au 9 juin 2014, tous les jours de 10 à 18 heures