L’histoire se passe en 1410.
Bibliophile averti, homme raffiné et grand amateur d’art, le bon Duc de Berry passe une commande aux frères Jean et Hermann Pol, du Limbourg, deux artistes dont il est le mécène.
Il souhaite un nouveau manuscrit enluminé qui s’appellera « Les Riches Heures du duc de Berry ».
Mais six ans plus tard, alors que le livre n’est pas terminé, Jean, Hermann et le duc sont emportés par la peste.
À la fin du XVe siècle, le manuscrit inachevé est repris et terminé par d’autres enlumineurs.
Ils ont eu raison…
Aujourd’hui, cette merveille de 206 pages enrichies de 131 miniatures peintes évidemment à la main, est devenue l’une des références absolues en matière d’enluminure.
L’arrivée de Gutenberg et de l’imprimerie ont marqué ensuite la fin de ce genre de manuscrits, l’enluminure disparaissant peu à peu au profit de la gravure.
L’ouvrage se trouve au Musée de Condé, à Chantilly, et ce livre liturgique destiné aux catholiques laïcs est d’une richesse impressionnante.
Outre les prières et les méditations se rapportant aux différents moments de la journée, de la semaine, du mois ou de l’année, son propriétaire avait tenu à ce que des illustrations célèbrent sa puissance au fil des mois.
Une oeuvre ouverte qui nous a délivré l’image d’un Moyen Age enchanteur, toujours très vivant et coloré.
Ce livre, ou du moins ses reproductions m’a prise dans ses filets très tôt.
Comme tous ceux qui ont vu ces images, j’ai été sensible à cette autre vision d’une époque où la vie était très dure pour beaucoup, mais où la beauté et la grâce avaient leur place.
Encore aujourd’hui, en regardant ces scènes, je pense avec reconnaissance à ces hommes qui ont réalisé là l’oeuvre de leur vie en nous laissant un témoignage extraordinaire.
Martine Bernier