Le premier tête-à-tête

Hier était une journée spéciale, une fois encore.
J’avais promis de garder le plus jeune de mes petits-enfants pendant que sa maman devait se rendre chez le médecin.
Pour pour libérer quelques heures, j’avais mis les bouchées doubles dans mon travail durant la semaine et le matin.
À l’heure dite, j’étais fin prête, avec une petite inquiétude quand même: allais-je retrouver mes réflexes et les bons gestes?
Il n’a pas fallu longtemps pour comprendre que… ils ne s’oublient pas.
L’arrivée d’Aurélien m’a fait sourire.
J’avais presque oublié que l’arrivée d’un nourrisson ressemble aux grands déménagements de la Cour de France lorsqu’elle se rendait de château en château.
Il faut un nombre d’éléments impressionnants pour assurer le confort d’un bébé!
Lorsque nous nous sommes retrouvés seuls pour la première fois, tous les deux, mon Capitaine étant occupé dans la cuisine, nous avons pu faire connaissance.
Les yeux bien ouverts, il m’a écoutée lorsque je lui ai demandé s’il se souvenait qui j’étais.
Puis je lui ai fait faire le tour du propriétaire, pour calmer ses pleurs, motivés par les petits maux de ventre dont souffrent souvent les tout-petits.
Je lui ai consacré mon après-midi, rejointe par sa maman qui l’a trouvé endormi dans mes bras.
À peine plus de trois kilos et déjà totalement craquant…
En le regardant esquisser des sourires de bien-être, je me suis posé une foule de questions.
Quelle sera sa personnalité, sa couleur préférée?
Aimera-t-il les animaux?
Pomme, en tout cas, l’aime déjà, elle qui le couve d’un regard attendri tout en remuant la queue dès qu’elle l’aperçoit.
La ride qui se forme sur son front lorsqu’il fronce les sourcils annonce-t-elle un petit garçon réfléchi?
Sera-t-il un enfant rieur comme l’était son papa?
Sera-t-il curieux de la vie et du monde qui l’entoure?
Aimera-t-il la peinture?
Sera-t-il musicien comme ses parents?

Quatre petits-enfants, bientôt cinq, composent notre famille.

Et chacun d’eux est fascinant…
Quant à notre « métier » de grands-parents, il est très confortable, permettant de créer avec chacun d’eux des liens exempts des contraintes en charge des parents.
Il a fallu plus d’un an pour que mon nom de grand-mère soit enfin réellement choisi.
Mantine ou Mamantine, à choix.
Tandis que mon Capitaine devient pour l’occasion Grand Papa… sans tiret, histoire de coller à la réalité!

Lorsque Magaly lui a présenté Aurélien pour qu’il puisse lui dire au revoir avant de partir, il l’a regardé une fois encore d’un regard attentif, et l’a embrassé sur le front.
Dans l’après-midi, il m’avait donné de temps en temps un conseil, l’air de ne pas y toucher, relevant au passage: « Il est beau, ce bébé… »

Hier soir, nous nous sommes regardés, tous les deux, et sans la moindre raison, nous avons été pris d’un fou rire interminable qui reprenait à chaque fois que nous nous regardions.
Pourquoi riions-nous?
Aucune idée!
Parce que nous étions heureux, tout simplement, je crois…

Martine Bernier

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