Ce doit être le cas de beaucoup d’entre nous: je n’ai pas une mémoire d’éléphant.
Pourtant, il y a des jours, des moments, que je n’oublierai jamais.
Bien que je n’avais que 4 ans à l’époque, je me souviens parfaitement du jour de l’assassinat de J.F. Kennedy.
Comme j’ai encore la mémoire très précise de ce que je faisais le 11 septembre 2001.
Et cette semaine…
Mercredi matin, tôt, j’étais à Martigny où j’avais rendez-vous avec un groupe de personnes auxquelles je consacrais un article.
J’ai passé un très beau moment avec ces hommes et ces femmes qui découvraient l’art de l’aquarelle sous la houlette d’un artiste transformé en professeur pour l’occasion.
Il régnait ce matin-là une ambiance douce et joyeuse.
Je découvrais chez les uns et les autres des talents, des qualités d’altruisme et d’écoute de l’Autre.
Un magnifique début de journée.
En rentrant, je me suis immédiatement mise à l’écriture de l’article.
J’en étais à la moitié du texte lorsque j’ai reçu une alerte info.
Elle parlait d’une fusillade au siège de Charlie Hebdo, parlant d’éventuelles victimes.
J’ai immédiatement allumé la télévision sur une chaîne d’information continue.
Et je suis entrée dans l’horreur…
Parce que nous n’avons pas le droit de chavirer, je suis retournée à mon ordinateur au bout de quelques minutes.
J’ai terminé mon texte sans pouvoir retenir mes larmes.
Paradoxe de la vie où nous passons d’un moment de paix à une situation d’horreur en quelques minutes…
Depuis mercredi, comme la plupart d’entre nous, je suis sidérée, ravagée par ce qui s’est passé.
Il y aura bel et bien un avant et un après ce mercredi 7 janvier.
J’ai été frappée de voir naître en moi des sentiments qui ne me ressemblent pas à l’égard de ceux qui ont commis ce massacre.
Il faut du temps pour prendre du recul, de la lucidité pour ne pas glisser vers des sentiments dont je ne veux pas.
Une incompréhension totale devant une telle barbarie, une infinie compassion pour les victimes et pour la souffrance de leurs proches, un sentiment de solidarité profond, un chagrin immense et le désir de voir ces assassins jugés, voilà ce que je ressens aujourd’hui.
Du reste, je ne veux pas.
Je ne veux pas leur ressembler.
Mais plus que jamais, je ressens une admiration et un respect sans bornes pour ces journalistes et dessinateurs courageux qui dénoncent la folie meurtrière et la bêtise comme l’ont fait ceux qui nous ont été enlevés.
Quel effroyable et impardonnable gâchis…
Martine Bernier