Hier, en rentrant d’une interview passionnante de plus de trois heures, alors que j’avais retrouvé mon Capitaine et qu’il était près de 13 heures, je lui ai demandé si nous pourrions nous arrêter à la Fondation Gianadda.
Je n’avais pas encore vu l’exposition Matisse sur laquelle j’avais beaucoup travaillé pour le magazine « Générations », et j’avais un deuxième projet…
Cette première visite m’a permis d’en apprendre plus encore sur ce peintre multiple.
Réalisée avec beaucoup d’intelligence, l’exposition replace le peintre au coeur de son époque, parle des artistes et des courants d’art qui ont jalonné sa vie, les différentes étapes de sa création.
Le tout est extrêmement complet.
Pour moi, cette exposition peut être abordée de deux façons: en badaud savourant chaque tableau, ou en amateur désireux d’en savoir davantage sur cette période passionnante de l’histoire de l’art.
À noter que le catalogue de l’événement est à nouveau une remarquable source d’informations.
Une fois la visite terminée, direction le jardin, et plus particulièrement le Vieil Arsenal.
Les machines de Léonard de Vinci ont exceptionnellement cédé leur place à une exposition intitulée « Léonard Gianadda: 80 ans à partager. »
Un grand moment.
Le rez-de-chaussée et les deux étages du Vieil Arsenal ont entièrement été consacrés à l’existence et aux réalisations de Léonard Gianadda.
Son histoire se découvre à travers une multitude de documents, de photos, de panneaux… et surtout, disséminés un peu partout, d’écrans sur lesquels le maître des lieux apparaît, grandeur nature, et nous aborde, nous livrant à chaque fois une anecdote, une tranche de vie, un souvenir émouvant, un projet…
Ces interventions sont l’idée de génie des commissaires d’exposition, Sophia Cantinotti et Jean-Henry Papilloud, qui ont une fois encore accompli un travail qui frise l’excellence.
Monsieur Gianadda s’adresse à la caméra, la fixant droit dans… l’oeil, et s’exprime avec un naturel et une sincérité troublante.
Sa personnalité est tellement forte qu’il est difficile, voire impossible de passer devant un écran s’allumant automatiquement sans s’arrêter pour lui prêter attention jusqu’au bout!
C’est ainsi: quand il prend la parole, on l’écoute!
D’une richesse folle, cette exposition permet de découvrir la vie de cet homme sortant de l’ordinaire, de ses jeunes années à aujourd’hui où il s’investit dans les oeuvres sociales.
Le tout en revenant sur ses études d’ingénieur, ses multiples voyages, ses rencontres, les drames et les bonheurs de son existence, le lien puissant qui l’unissait à son frère Pierre, la création de la Fondation, les premiers pas dans l’organisation des manifestations culturelles, la construction année après année d’une réputation de sérieux et de qualité à laquelle le public n’a pas résisté, puis les honneurs, la mise en place avec son épouse Annette et l’accord de leurs deux fils, d’une deuxième fondation cette fois à but social, la Fondation Annette & Léonard Gianadda.
La quantité d’informations est énorme, mais jamais lassante.
Il me faudra quelques jours pour digérer ce que j’ai reçu, et je pense que, si j’arrive à dégager un peu de temps durant l’été, je retournerai voir cette exposition qui mérite largement plusieurs visites.
Parmi les centaines d’éléments marquants qui me trottent dans la tête depuis cette première incursion j’en choisirais trois qui m’ont particulièrement émue: l’évocation par monsieur Gianadda de sa première rencontre avec celle qui deviendra sa femme (écran du fond de la salle du rez-de-chaussée), ce proverbe chinois qu’il utilise pour expliquer son investissement social: « Notre dernière chemise n’a pas de poche » , et l’impression générale qui m’étreint après la visite: cet homme de culture et de courage n’a gaspillé aucun instant du temps qui lui est accordé, ni aucun des talents qui lui ont été donnés…
Une formidable et passionnante leçon de vie.
Martine Bernier
Jusqu’au 22 novembre 2015 au Vieil Arsenal de la Fondation Pierre Gianadda, à Martigny (Valais – Suisse)