Depuis plusieurs jours, très exactement depuis le début des canicules, j’avais le sentiment que quelque chose avait changé.
Hier, en abordant le sujet avec mon Capitaine, j’ai réalisé que ce changement était dû à un départ: celui des corneilles.
Je ne l’ai pas réalisé tout de suite, mais elles avaient déserté notre quartier, peut-être pour partir à la recherche de la fraîcheur.
Le résultat ne s’était pas fait attendre: un silence qui mettait en valeur les gazouillements des autres oiseaux.
Les passereaux, les merles: ils étaient très présents.
Et puis…
Depuis deux jours, la pluie a refait son apparition.
La chaleur imprègne toujours les murs de l’appartement, mais il fait plus respirable.
Ce matin, en sortant Pomme, mon attention a été attirée par une silhouette bien connue.
Un gros oiseau noir voletait autour du périmètre.
Les corneilles revenaient…
Je suis remontée dans mon bureau, ai ouvert la porte-fenêtre, et je l’ai entendu…
Ce croassement continu qui jaillit comme un cri de ralliement.
Pour le moment, la corneille est toujours seule.
Mais j’ai comme l’impression que d’ici peu, la troupe sera de retour.
Je n’ai pas une sympathie débordante pour ces oiseaux qui ont déjà plusieurs méfaits à leur actif, mais j’admire leur organisation.
Ils sont grégaires et utilisent le principe des estafettes et des guetteurs sentinelles.
La corneille solitaire de ce matin va-t-elle revenir avec le reste de la tribu ou les dirigera-t-elle ailleurs?
En attendant d’avoir la réponse, Pomme sonde le ciel d’un regard mi-inquiet, mi-attentif.
Elle n’aime pas ces hôtes mal élevés qui squattent SON jardin, les faîtes des toits et des arbres, qui vont jusqu’à se percher sur la rambarde de SA terrasse.
De mon côté, je sais que si l’ensemble du clan corneilles revient, il y aura de bonnes chances pour que les grosses chaleurs ne reviennent pas de sitôt…
Martine Bernier