Bichon havanais: Pomme et la peinture

Comme j’étais seule hier soir, j’ai décidé de consacrer ma soirée à en savoir un peu plus sur un peintre que j’ai envie d’approfondir: James Tissot.
Ma bibliothèque a beau être très riche, elle ne contient finalement que peu de choses sur ce brouilleur de pistes de charme, que je croyais Anglais alors qu’il était Français, mais qui a passé une bonne partie de sa vie en Angleterre.

Il a peint la grâce féminine avec beaucoup de talent, et j’aime découvrir ou redécouvrir ses toiles.
Pomme, dont je m’interroge encore sur la réalité de la fibre artistique, était assise à côté de moi sur le canapé et semblait intriguée par mes recherches.
Encouragée, j’ai ouvert un grand livre consacré à Monet, sur la page des nymphéas:

– Tiens, regarde… c’est beau, non?
Elle n’a paru que modérément séduite, plus intéressée par la fenêtre, sur ma gauche, que par ce que je lui montrais.
– D’accord, j’ai compris: tu veux voir s’il n’y a pas des chats dehors? Allez, viens…

Comme si elle traversait une rivière en empruntant le chemin des galets, elle a bondi sur moi, puis sur un coussin, puis sur l’accoudoir lui permettant de prendre appui à son poste d’observation, à 50 centimètres de moi.
J’ai continué à feuilleter seule.
De temps en temps, elle tournait la tête vers moi pour vérifier que tout allait bien.

– N’empêche… il est impossible que tu n’aies pas au moins une touche d’intérêt pour la peinture…

Regard hirsute plein d’interrogation de sa part.
Je poursuis:
– Je te l’ai déjà dit il y a quelques années, mais j’ai l’impression que cela ne t’a pas marquée. Pomme… ton anniversaire tombe le même jour que celui de Claude Monet!!! Tu te rends compte?

A voir sa tête, non, elle ne se rend compte de rien.
– Oui, enfin bon… c’est très symbolique pour moi. Tu pourrais au moins faire preuve de politesse quand je te parle d’un sujet aussi poignant! Tiens, regarde. Monet, c’est lui…

Elle a tourné la tête à s’en infliger un torticolis, juste pour découvrir mon doigt lui désigner la photo noir blanc de cet imposant monsieur chapeauté et barbu.
Rien de bien passionnant à son goût: elle a détourné les yeux en soupirant.
Juste de quoi me pousser à murmurer:
– Pfff… parlez-lui de peinture, elle n’en a rien à faire. Mais parlez-lui de nonosse, et là…

Et là, oui… sans que je n’aie rien vu venir, mon Mogwaï a fait un saut et s’est retrouvé assis… sur Monet, me témoignant un enthousiasme débordant.

– Hééééé! Sacrilège! Tu veux bien descendre de là tout de suite?
Bondissante, elle jappait pour me faire comprendre qu’elle avait bien entendu le mot magique.
J’ai dû abdiquer et abandonner ma leçon d’Histoire de l’Art au profit d’un détour par « la boîte à nonosses ».
Comme quoi… on peut s’aimer et ne pas partager les mêmes passions.

Martine Bernier

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