Bichon havanais: Pomme et l’intrus

Cela se passait en début de semaine, un soir où Pomme et moi nous trouvions en tête-à-tête en l’absence de notre Capitaine.
Il faisait nuit noire lorsque je l’ai emmenée dehors pour une dernière promenade.
Nous ne nous sommes pas absentées plus de dix minutes: elle n’aime pas les sorties nocturnes.
De retour au Nid, je refermais la porte lorsque j’ai entendu un charivari fou dans le salon où Pomme s’était rendue en droite ligne.
Elle courait, jappait, s’énervait: bref, il se passait quelque chose d’anormal.
Je me suis précipitée et j’ai vu passer devant moi une forme rousse.
C’était un chat, terrorisé, aux trousses duquel Pomme s’était lancée.
J’ai attrapé mon Mogwaï au vol.
Elle se débattait pour retourner auprès du chat qui s’était réfugié dans mon bureau.

– Pomme, non! Ca suffit!

Elle m’a jeté un regard tellement indigné que je m’en souviens encore.
Il disait:
– Lâche-moi! Il n’a rien à faire là, ce chat!!

Elle n’avait pas tort, notez…
Ce qui m’intriguait, c’était de savoir comment il avait pu entrer.
Je n’avais pas refermé complètement la porte de l’appartement, ça, c’est une certitude.
Mais la porte de la maison, elle, se referme automatiquement, et trop rapidement, je pense, pour qu’il ait pu se glisser à l’intérieur sans que je le voie, lorsque je suis sortie.
Enfin c’est ce que j’imaginais.
Alors?
Sans doute s’était-il enfermé au sous-sol lorsque les garages étaient ouverts.
Mais il ne me semblait pas avoir vu la porte d’accès ouverte…
L’heure n’était pas à l’enquête: il fallait que je règle la situation.
Mon malheureux visiteur était paniqué, et Pomme bien trop énervée pour se comporter de manière civilisée.
D’ailleurs, même si je sentais qu’elle commençait à se calmer, remuant la queue en regardant le chat, je pense qu’elle se serait pris un bon coup de griffe si elle avait eu le malheur d’aller lui proposer de « faire Schmolitz »! *
J’avais presque envie de rire…
Je me retrouvais debout à l’entrée de mon bureau, mon chien surexcité dans les bras et, caché sous mon bureau, un chat apeuré qui devait se demander ce qu’il était venu faire dans cette galère.
L’équation était d’arriver à convaincre ce petit Garfield à sortir sans que Pomme ne se lance à sa poursuite.
Je savais que si j’arrivais à le relâcher dans le jardin, Pomme filerait derrière lui.
Et retrouver un chien noir dans l’obscurité…  l’expérience ne me tentait pas vraiment.
J’ai tenté d’enfermer mon Moogwaï dans la cuisine.
Mais c’était sans tenir compte de son degré d’ingéniosité: elle a réussi à filer avant que je ne ferme la porte.
Et le chaos recommençait…
Finalement, comme je ne me voyais pas passer la soirée en safari, j’ai rattrapé Pomme et ai réussi à l’enfermer dans la chambre où elle jappait et gémissait à qui mieux mieux.
Restait le chat…

J’ai ouvert la porte d’entrée de l’appartement, ai essayé d’approcher doucement du petit personnage en question qui, comme je le prévoyais, a fui dans le couloir.
Hop.
Il me suffisait de refermer la porte derrière moi et d’ouvrir celle de l’entrée.
Dès qu’il a vu que le chemin vers la liberté était à nouveau ouvert, il s’est élancé.
De retour au Nid, j’ai relâché Pomme qui a passé la soirée à renifler chaque recoin de l’appartement.
SON territoire.
A mon avis, le jour où elle invitera un chat à une soirée-pyjama n’est pas encore arrivé.

Martine Bernier

* Pour ceux qui ne connaitraient pas l’expression: elle désigne simplement la tradition de croiser les verres, de les vider de leur contenu et de se tutoyer ensuite, en Suisse Romande!

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