A chaque année son dinosaure

J’étais au téléphone avec mon fils et ma belle-fille quand Kim, 9 ans, est venu me parler.
Dans la conversation, il me dit:

– Martine?
– Voui?
– Tu sais encore comment s’appelle le dinosaure?

Arf.
LE dinosaure.
J’avoue n’avoir toujours pas réussi à soigner cette tare qui est la mienne et qui m’empêche de retenir le nom des dinosaures.
Entendons-nous: je connais les « basiques ».
Mais face à un petit bonhomme qui a réussi à mémoriser un nombre inconcevable d’entre eux, je suis ridicule.
Au quotidien, pas de problème: il est assez rare d’avoir besoin de ces informations dans la vie de tous les jours.
Mais face à Kim…
Il a donc décidé de remédier à mon inculture dès la sortie du cinéma où nous avions été voir Jurassic World.

Depuis plusieurs mois, à chaque fois qu’il est en contact avec moi, il vérifie que j’ai bien retenu ma leçon.
Au téléphone, donc, je respire un grand coup, je repense aux procédés mnémotechniques que j’utilise et je me lance:
– Vélociraptor!
– Oui, c’est ça. Et comment s’appelle l’énorme dinosaure qui sort de l’eau?
– Heu…
Il me donne un nom que j’oublie dans la seconde.
– Et celui qui a été croisé en laboratoire?
Cette fois, je proteste:
– Ah non! C’est déjà compliqué de retenir les classiques, mais si en plus il faut se concentrer sur ceux qui n’existaient pas!
– Bon, d’accord.

Je sais que, au matin de Noël, après le réveillon, lorsqu’il se réveillera dans le nid que je lui aurai préparé à côté du sapin, il attendra ma venue.
En général, je le rejoins très, très tôt, sachant qu’il dort très peu lorsqu’il vient chez nous.
Commencera alors notre moment à nous au cours duquel nous parlons de tout et de rien, abordant des sujets légers et d’autres plus importants.
Et, je ne sais pas pourquoi… mais j’ai comme l’impression qu’il va passer à l’attaque pour me préparer à retenir le nom d’un nouveau dinosaure 2016!
Martine Bernier