Bichon havanais : Pomme et la négociation

Lorsque c’est mon tour de sortir Pomme le matin, j’ai pris l’habitude de préparer une « friandise dentition » qui l’incite à rentrer avec un peu plus d’enthousiasme que lorsque je descends les mains vides.
Nous avons un rituel: elle rentre, s’attarde un peu devant la porte de son voisin, le chat, et répond à mon invitation à venir prendre sa récompense.
Pour cela, elle me dépasse dans l’escalier, et s’arrête sur le palier transitoire entre les deux étages.
D’habitude, je lui tends le délice convoité, mais, avant de le lui offrir, je murmure: « bisou »…
Elle se penche alors vers moi, me dépose une léchouille sur la joue, s’empare de sa friandise et file la déguster au Nid.

D’habitude…
Ce matin n’était visiblement pas un jour habituel à ses yeux.
Après la promenade hygiénique, nous rentrons, elle va renifler la porte de nos voisins, puis se précipite pour m’attendre sur le palier.
Je lui tends ce qu’elle attend, articule « bisou » et… rien.
Concentrée sur sa récompense, elle me jette un petit coup d’oeil et tend le cou… vers le biscuit.
J’ai même cru entendre un léger soupir pour couronner le tout.

– Mais? Rébellion dans l’air? Pas de bisou, ce matin?

J’étais penchée vers elle, un peu perplexe.
En une seconde, elle a jaugé la situation, s’est dressée sur ses pattes arrière, les a posées sur moi et m’a littéralement nettoyé le visage.
Puis elle a attrapé la friandise que je lui tendais bêtement, l’a emportée dans l’appartement en détalant comme un lapin… et l’a croquée en moins de temps qu’il m’en a fallu pour la rejoindre.
L’air candide, elle m’attendait.

– Tu as mangé du lion, ce matin!

Pomme n’est pas un petit chien qui remue la queue pour un oui ou pour un non.
Elle le fait avec les enfants et les personnes qu’elle fréquente peu, mais, au quotidien, elle garde ce genre de manifestation pour les conversations qui l’amusent ou les moments de liesse.
Là, assise en face de moi dans cette position qui me fait craquer, elle n’a pas pu résister.
J’ai vu l’extrême bout de sa queue frétiller doucement, comme si elle cherchait à cacher sa bonne humeur.

– Mais! Tu m’as fait une farce, si je comprends bien? Et tu en es fière!

Là, elle a laissé éclater sa joie.
Elle courait autour de moi en jappant, scène très inhabituelle aussi tôt dans la journée.
Il n’était pas encore 7 heures, quand même…
Elle a dû s’en rendre compte car, quelques secondes plus tard, elle plongeait dans son panier et se réfugiait dans un sommeil.
Pas question de la priver de sa grasse matinée un samedi matin, non mais!

Martine Bernier

 

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