25 décembre.
Alors qu’il s’est endormi à près de deux heures du matin, Kim me rejoint pourtant dans mon bureau avant 8 heures.
Et « nos belles heures « commencent…
Je lui montre un jeu de recherche d’objets et nous nous lançons ensemble dans des parties au cours desquelles nous discutons de chacune de nos interventions…
Interruption pour le petit-déjeuner avant que je ne lui propose de découvrir les Octofuns.
Ensemble, nous définissons quels sont ses talents, les domaines qui l’intéressent, qui le passionnent, ses façons de communiquer.
Ce n’est pas un jeu: c’est une conversation, une introspection.
A travers mes questions, il me parle de lui, de ce qu’il aime.
Quel enfant n’aime pas qu’un adulte s’intéresse à lui?
A peine ce moment terminé, et il file vers « l’armoire à jeux ».
– Dis, on joue au jeu des questions à thème?
Je ne lui dis jamais non quand nous sommes ensemble.
C’est son moment, son temps, son usine de fabrication de souvenirs.
Il revient au salon en courant, le jeu à la main.
Des questions de trois niveaux possibles sur cinq ou six thèmes précis.
Son thème de prédilection? Les dinosaures, bien entendu.
Le mien? Va pour l’Egypte Ancienne.
Sachant que j’ai pour autres choix les pirates, les chevaux, les planètes et les dauphins, je m’en tire à bon compte.
Comme toujours, nous faisons de nos jeux une grande aventure.
Et je suis aux anges de voir comme il savoure…
A l’arrivée de nos enfants et autres petits-enfants, nous réintégrons le cercle familial.
Et la journée se passe en conversations, tournois de jeux (le Petit Bac que j’ai « construit » il y a un an environ reste la star de nos fêtes) et en scènes enfantines drôlissimes.
Eya, 4 ans, petite boule d’énergie, termine sa journée par un véritable show.
Alors que nous sommes à table, elle s’empare du téléphone rétro Fisher Price que le Père Noël a apporté à Nawee et je l’entends parler:
– Quoi?! Tu vas voir!!!
– Ca va, Eya?
Elle arrive, dépitée et vaguement en colère:
– Il m’a raccroché au nez!
– Comment?! Mais c’est très mal élevé, ça! Dis-lui qu’il doit s’excuser!
Elle reprend le téléphone… mais la conversation entre elle et son interlocuteur fantôme semble s’envenimer.
Cette fois, elle feint une indignation qui n’en finira plus de grandir pendant un bon moment.
Je rentre dans son jeu, accepte de parler à ce malotrus:
– Comment s’appelle-t-il?
– Wouawoua.
– D’accord.
Je compose le numéro:
– Allo, Monsieur Wouawoua? Je voulais vous dire que je suis très fâchée de voir comment vous avez traité Eya. Je pense que vous devriez l’appeler pour vous excuser!
Et le jeu continue…
Visiblement, cette conversation n’a pas ramené Monsieur Wouawoua a de meilleurs sentiments.
Eya l’invective copieusement, finit par passer le téléphone à son grand-papa, mon Capitaine qui entre lui aussi dans le jeu:
– Allo? Oui, salut, passe-moi Wouawoua. Bon, Wouawoua, maintenant tu vas te calmer. Parce que si je dois me déplacer, ça ne va pas aller bien pour toi! Tu n’embêtes plus Eya, d’accord?
Troisième étape, Kim, hilare, participe à son tour et endosse le rôle de… Wouawoua.
Un rôle à haut risque.
Toute la soirée, ce jeu crée un lien nouveau entre nos deux petits aînés qui, jusqu’ici, n’avaient jamais vraiment joué ensemble.
Les années passent, les enfants grandissent et de nouvelles synergie se dessinent entre eux.
Tout en poursuivant le tournoi de Petit Bac, nous suivons Nawee dans ses explorations, et Timoté se fait cajoler par les uns et par les autres.
Kim s’est transformé en vendeur pour l’occasion et reçoit Mademoiselle Eya dans son magasin.
Une cliente généreuse qui ne regarde pas à la dépense pour me couvrir de cadeaux.
Le soir, avant de partir pour l’hôtel qui accueille notre petit monde à l’exception de Kim qui a pris ses quartiers chez nous, Eya s’adresse à lui, en véritable petite nana:
– Bon, mon chéri, maintenant tu vas à la police pour te faire tuer!
Nous sommes plusieurs à sursauter…
Dans sa petite tête, Eya n’a pas oublié que Kim est Monsieur Wouawoua.
Et apparemment, elle compte bien que la maréchaussée prenne son cas au sérieux et qu’il se fasse copieusement remonter les bretelles.
Quand mon Capitaine revient de les avoir raccompagnés à l’hôtel, je lui raconte les dernières interventions d’Eya.
Le voir rire me fait un plaisir fou..
Je crois que je ne suis pas la seule que ce Noël d’exception rend heureuse…
Martine Bernier