Transmission

Noël aura donc duré… pratiquement trois jours.
Trois jours merveilleux, habités de tendresse, d’amour, de rires, de partage.
J’ai tout aimé…
Mais un moment m’a particulièrement émue.

Ce vendredi, nous étions au Nid avec la famille de mon fils cadet Yann, ainsi que la fille de mon Capitaine, Héloïse, et sa petite fille Eya.
Yann commence à me parler guitare, à parler des leçons que je donnais autrefois aux enfants et à quelques adultes.
Je ne sais plus quel chemin il a pris pour en arriver là, mais il est allé chercher l’un des énormes classeurs contenant les paroles des chansons que je leur apprenais à jouer, ainsi qu’un deuxième classeur, celui des souvenirs de cette époque.
Dedans se trouvent des photos et mes commentaires.
Photos prises pendant ces cours un peu particuliers, et pendant les grandes Fêtes de la Guitare que j’organisais une fois par an, au cours desquelles tous les élèves donnaient un petit spectacle musical.
Ils jouaient, chantaient, seuls ou en groupe, et la soirée se terminait par un repas canadien, tandis que nous continuions à chanter jusque tard dans la nuit, autour d’un énorme feu de camp.
Certains m’en reparlent encore aujourd’hui…

Touché de retrouver ces photos, Yann est allé chercher deux de mes guitares.
Je ne joue plus depuis longtemps.
Ou alors, très, très rarement, lorsque je suis seule avec Pomme.
La nostalgie n’est pas un sentiment que je laisse envahir  ma vie.
Je la trouve… dangereuse.
Mais là… j’ai pris la guitare qu’il me tendait, je l’ai réaccordée et nous avons chanté et joué en duo.
C’était joyeux, léger, parsemé de rires.

A un moment, j’avais dit en riant à Jee, ma belle-fille, et à Héloïse que, dans la famille, c’est chronique: tout le monde joue… et qu’il allait falloir qu’elles se laissent contaminer elles aussi.
Même Kim a appris ses trois premiers accords.
Héloïse avait protesté, argumentant qu’elle ne chantait pas juste.
Quelques instants plus tard, alors que nous entamions le grand classique Du rhum des femmes, j’entends une voix féminine chanter à tue-tête dans mon dos.
Je me retourne… pour voir Héloïse chanter… parfaitement juste!
Nous lui avons donné la feuille des paroles et l’avons accompagnée dans son premier concert public!
Le processus de contamination semble avoir débuté!

L’ambiance était à la gaité.
Jusqu’au moment où nous nous sommes engagés dans Kumbaya.

Cette chanson, je l’avais travaillée avec plusieurs de mes élèves, dont Yann, bien sûr.
Je leur avais appris à la jouer et nous la chantions à plusieurs voix.
Alors que nous la reprenions tous les deux, quelque chose d’inexplicable s’est passé.
Nous avons été envahis l’un comme l’autre par une vague d’émotion.
Cette chanson, c’était des années de notre passé commun qui nous revenaient à travers la musique.
C’était… fort.
Nous étions installés près du sapin et, juste en face de nous, sur sa petite chaise, mon petit-fils Nawee avait pris place lui aussi… avec sa petite guitare.
Ce petit bonhomme de 2 ans semble être né avec une guitare dans les mains.
Il possède déjà un sens du rythme prononcé, est fasciné dès qu’un guitariste commence à jouer, et essaye de reproduire les accords.
Seul léger souci: il tient l’instrument à l’envers pour le moment, alors qu’il est bel et bien droitier.
En le regardant, en regardant mon fils, et en repensant à mon fils aîné qui, le soir de Noël avait lui aussi pris sa guitare, j’ai eu une pensée pour mon père qui rêvait que je joue un jour de cet instrument.
Mission accomplie au-delà de ses espérances.

Martine Bernier

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