Ce n’est qu’en 2013, alors que, depuis trois ans, la situation était devenue très compliquée côté santé, que je me suis décidée à tenir un carnet de bord de ces péripéties.
Le carnet noir, si symbolique de mon curieux chemin.
Dans ce moleskine petit format, j’ai commencé à récapituler les événements que j’avais traversés depuis mars 2010, date de la dégringolade, reprenant le fil de l’histoire et des interventions que j’ai subies.
Depuis, à chaque rendez-vous ou moment de chaos marquant, je prends des notes.
La raison de ce carnet?
Au départ, je l’ai débuté parce que ces anesthésies à répétition et la fatigue liée à tout cela mettaient ma mémoire à mal.
Il fallait pourtant que je garde le souvenir de certains détails importants et de la chronologie du dossier.
Je pense que nous devons être nombreux à garder des traces de cette sorte, utiles pour la poursuite des événements.
Notamment pour répondre aux questions des médecins.
Ce matin, alors que je reprenais mon carnet de route pour y relater ma dernière visite chez le néphrologue et les renseignements à ne surtout pas oublier, j’ai feuilleté les pages précédentes.
Et je suis tombée sur celle-ci:
8-02-2013: Troisième intervention. Formidable ambiance: je connais tout le monde en salle d’op! La médecin anesthésiste avait raté la péridurale la dernière fois. Cette fois, je lui parle de mon souhait d’avoir la même anesthésie que le 25 janvier dernier: j’étais juste somnolente, mais je ne dormais pas. Elle accepte en m’expliquant qu’elle ne peut pas le faire avec tous les patients. Je dois juste donc, ne pas bouger une oreille, malgré le fait que je suis réveillée. Bilan: impeccable (…) Bon, j’ai la tension qui a replongé et les antibios sont de retour, mais on avance! Enfin… je crois. »
En relisant ces notes, j’ai souri.
C’est ainsi à chaque page.
Ce ne sont pas des moments très drôles, mais ce n’est jamais vraiment triste.
Et je crois, lorsque nous sommes hospitalisés, que nous vivons tous ce contraste entre la très nette envie d’être ailleurs et en forme, et le fait que cette réalité est peuplée de personnes qui l’adoucissent et qui permettent des échanges souvent profonds, parfois très drôles.
Et ça continue…
Je me passerais vraiment de ce qui m’arrive.
Mais si cela ne m’arrivait pas… je n’aurais pas accès à cet univers qui s’adapte à mon propre comportement.
Je n’aurais pas pu établir cette relation très exceptionnelle avec mes deux médecins principaux.
Avec le temps, j’ai évolué.
Je sais ce que je peux gérer, et je sais également qu’il existe des inconnues très mystérieuses dans cette équation difficile à résoudre.
Pourquoi ai-je écrit ce texte?
Parce que j’ai une pensée pour ceux qui m’écrivent et qui sont au début d’un chemin similaire au mien, qui dure depuis des décennies.
Parce que oui, c’est vrai, avoir une faille de santé n’est pas drôle, est plutôt contraignant.
Mais ce quotidien là est aussi parsemé de moments très forts, comme celui vécu lundi dans le bureau du médecin.
Je devrais tenir un autre carnet relatant les rencontres incroyables et ces échanges si privilégiés vécus au long de ce chemin que je n’ai pas choisi…
Martine Bernier
2 réflexions sur “Le carnet noir”
Oui, Martine, j’aime bien ce que tu écris. Et d’une certaine manière, nous sommes assez semblables. Même si nous ne savons pas exactement quand notre petite promenade sur cette planète se terminera, un petit coup d’oeil en arrière, sans prétention, nous permet de constater, au vu des archives monstrueuses, que nous ne nous sommes jamais ennuyés, et peut-être que nous n’avons pas trop ennuyé les autres ! Pour moi, le départ sera facile (du moins, je le crois !). Mais, pour toi, rien ne presse !
Amitiés à toi et aux tiens
j.
Je rectifierais juste un détail dans ton commentaire, cher Jean: pour toi comme pour moi, rien ne presse!
Et oui, je pense comme toi que nous avons beaucoup de points communs et des chemins assez proches… et la chance d’avoir des vies très riches…
Avec, de temps à autres, des bouts de route plus caillouteux, comme celui sur lequel je navigue en ce moment.
Pour ce genre de tronçon, il faut des aménagements particuliers… et garder en mémoire l’agencement des travaux 🙂
Avec un bisou spécial pour vous deux!