Bichon havanais: Pomme Poirot

Vendredi soir, tard.
Mon dernier regard avant d’éteindre la lumière est pour Pomme.
La moustache en pagaille, elle est très… chiffonnée.
– Demain, je prendrai un moment pour  peigner ta moustache. Je sais que tu n’aimes pas cela, mais là… tu ne ressembles plus à rien.

Elle pose sa tête sur le rebord en mousse de son panier et semble s’aplatir, le regard tourné vers moi.
– Oui, je sais que tu m’as comprise. Nous verrons cela demain. Bonne nuit , Pomme.

Mon Mogwaï a horreur que l’on touche à ses moustaches.
Il est l’Hercule Poirot canin.
Autant dire que mon projet n’est pas reçu avec enthousiasme…

Samedi soir, tard.
– Bon, Pomme… nous allons profiter que Bruno est disponible pour nous occuper de toi.

Mon Capitaine lève un sourcil:
– Tu as besoin de moi?!
– Oui, il faut légèrement lui maintenir la tête, sans quoi c’est mission impossible. Viens, Pomme.

Elle a déjà compris ce qui l’attend, mais elle vient s’asseoir à côté de moi sur le canapé, de bonne grâce.
Je commence par toucher sa moustache pour estimer l’ampleur des travaux, provoquant une réaction immédiate: elle détourne la tête.
Tout en douceur, nous l’immobilisons et je peux constater que cette petite merveille est parsemée de noeuds.
L’heure est grave.
Pendant dix bonnes minutes, je me suis transformée en barbier pour bichon, traitant à la fois les moustaches et les oreilles d’une Pomme résignée.
Après l’épreuve et une récompense bien méritée, ma petite ombre noire vient se réinstaller sur le canapé, à côté de moi.
Je n’ai pas fait attention à son manège jusqu’à ce que je réalise qu’elle prenait vraiment beaucoup de place, me reléguant au deuxième plan… ce qui, vu nos différences de statures, est très inattendu.
Je lui ai tenu un petit discours explicatif après l’avoir un peu repoussée, provoquant un regard de reproche de sa part.
Les yeux fixés sur moi, la tête relevée, elle a écouté mon discours sans ciller:
– Désolée si je t’ai bousculée, mais regarde! Tu prends toute la place! Et c’est un peu normal, tu n’es pas venue seule avec ton doudou & Cie! Non mais, quand même!
Comme pour se réconforter de l’épreuve qu’elle venait de subir, Pomme avait pris avec elle l’un de ses jouets préférés, s’en servant comme d’un oreiller, et un vieil os en nerf de boeuf, largement entamé et sec, mais toujours très aimé.
Etendue de tout son long, elle semblait revendiquer en récompense après l’effort ce moment de pur bonheur pommesque.
Arborant un regard décidé… et une frimousse extraordinairement bien coiffée!

Martine Bernier

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