Jeudi soir.
Je montre à Aurélien, un an et demi, un petit livre pour enfants que je viens de recevoir.
Sur l’une des pages, les nuages sont représentés par des petits morceaux de tissu duveteux.
Je passe mon doigt sur l’un d’eux et je lui dis:
– C’est doux! Tu veux essayer?
Il pose son doigt sur le tissu, me jette un coup d’oeil, le touche encore un peu et file.
Plus tard dans la soirée, il grimpe sur mes genoux en me faisant face pour mieux me regarder, et commence à toucher mes cheveux très délicatement en s’exclamant:
– Ooooh…. douuuux!
Il touche la frange, fait le même constat, revient sur les cheveux sur la longueur, redonne la même appréciation, puis, d’un air très mutin… tire un petit coup sur une longue mèche, histoire de voir ma réaction et celle de son papa qu’il surveille du coin de l’oeil:
– Hé! Tu vas me scalper, cornichon!
Ce qui le fait rire aux éclats.
Au passage, il inspecte Pomme, couchée sur l’accoudoir du fauteuil, et qui ne manque pas une miette de la scène:
– Douuuuux…
Les oreilles, les pattes, le pelage: tout est à son goût.
Fort de sa découverte, il se rend chez mon Capitaine et commence à lui toucher la barbe.
– Oooooh…. douuuuux!
Puis les cheveux, jugés doux, eux aussi…
Visiblement, son exploration lui plaît.
En se retournant, il découvre la gamelle de Pomme, contenant quelques croquettes.
Il en prend une et la montre à Pomme qui, sans doute par crainte qu’il ne mange son festin plus que par complaisance, la prend entre ses dents et l’avale.
Ce qui fait rire son soigneur qui me regarde en disant:
– Oh! Croque!
Hé oui… elles sont croustillantes, les croquettes de Pomme.
Ravi de cette nouvelle activité, le petit prince blond continue à nourrir Pomme, posant encore une série de croquettes sur le sol et les lui tendant une à une.
Au bout de quelques minutes, plus que rassasiée, Pomme, qui a un petit appétit, abandonne et revient vers moi.
Du coin de l’oeil, je regarde Aurélien qui remet les croquettes une à une dans le récipient.
La soirée se passe dans les rires, les taquineries.
Au moment du départ, je lui demande s’il veut bien me faire un bisou… et il me plaque un baiser sonore sur la joue.
Wouah! Le cadeau!
Mon Capitaine, dans la foulée, en demande un aussi.
Mais il semblerait que leur belle relation virile ne tolère pas ce genre de familiarité: Aurélien refuse de l’embrasser.
Il ne faut pas abuser des bonnes choses.
Il est dans les bras de son papa, sur le départ, et je lui glisse:
– Dis… je peux encore avoir un tout petit bisou avant que tu partes?
Et hop!
Sans se faire prier, il me gratifie d’un deuxième baiser.
Cela valait la peine que je fasse courir quelques risques à mon honorable scalp!
Martine Bernier