– Papitiiiiine?
– Ma-miti-ne, pas Papitine, Loulou!
Aurélien me couve d’un regard attentif.
– Mitine?
– Voui?
– Sante!
– Tu veux que je chante?
– Oui!
– D’accord! Qu’est ce que je chante?
– Closse!
La chanson des cloches de Corneville de la semaine dernière!
Il ne l’a pas oubliée!
Je commence à chanter.
Dans les dix secondes qui suivent, il chante à tue-tête avec moi… quelque chose qui ne ressemble absolument pas à ma chanson.
Aucune importance, il nous bisse une ou deux fois avec enthousiasme, puis prend une tête de camion jouet, retire un pneu d’une roue avant et me tend le tout:
– Mitine?
– Je dois réparer?
– Oui!
Je m´exécute, il me remercie, prend l´objet et retire à nouveau un pneu avant de me tendre le tout.
– Bon… regarde, je vais te montrer… tu couches le camion sur la table sur le côté, comme ça… Tu prends le pneu, tu pousses dessus, tu tournes la roue, tu pousses encore un peu, et hop! c´est fini!
Il ne perd pas une miette de ma démonstration, reprend le véhicule, ôte la roue, pose le camion sur le flanc, et… commente ses gestes:
– Pousse… hop!
Il me montre son oeuvre: le pneu tient en équilibre précaire, mais il a compris comment faire.
– Viens!
Il me prend par la main et me tire jusqu’à la bibliothèque où il choisit un livre qu’il ramène au salon pour que je le lui lise.
Une fois, deux fois… la troisième fois, il est en train de choisir lorsqu’il pousse un cri de triomphe:
– Oui-Ouiiiii!!!
Il a l’air tellement heureux de retrouver le petit personnage au bonnet à grelot que je lui pose la question:
– Tu connais Oui-Oui??
– Ouiiiii!
Il est tout joyeux, comme s’il avait retrouvé un vieil ami qu’il ne s’attendait pas à voir là, suit l’histoire avec beaucoup d’attention…
Son papa m’expliquera plus tard que Oui-Oui est devenu un personnage de dessins animés qu’il a le droit de regarder.
A partir de ce jour, Aurélien viendra un peu plus souvent au Nid.
Ce soir-là, il était seul avec nous, ce qui n’avait plus été le cas depuis qu’il était « encore plus bébé ».
Je craignais qu’il ne soit triste de voir partir son papa, mais non…
Il faut dire qu’il avait un emploi du temps extrêmement chargé!
Martine Bernier
