Hier soir, nous recevions une femme délicieuse dont nous avons fait la connaissance grâce à mon amie d’enfance retrouvée voici peu.
Elle et moi nous sommes découvert de nombreux points communs, dont un évident: nous avons toutes deux quitté la Belgique pour vivre en Suisse, elle depuis dix ans, moi depuis bientôt 40.
Autour de la table, nous étions donc trois expatriés puisque mon Capitaine m’a rejointe lui aussi dans un pays qui n’est pas le sien.
En parlant, j’ai découvert que notre invitée était confrontée aux mêmes éléments que moi.
Lorsque quelqu’un s’éloigne de son pays d’origine, de sa famille et de ses amis, il a tendance à les figer dans sa mémoire tels qu’ils étaient au moment de son départ.
Beaucoup de choses lui échappent concernant la santé ou l’évolution des personnes qui lui sont proches, et le choc est immense lorsque nous apprenons des décès auxquels nous ne nous attendions pas, par exemple.
Le même phénomène intervient lorsque l’on n’est pas retourné depuis quelque temps dans l’endroit que l’on a quitté et que l’on découvre les changements intervenus dans la ville ou le village.
Ce qui est normal pour ceux qui y habitent toujours est presque désécurisant pour nous car cela touche à nos souvenirs et que nous n’avons pas assisté en direct et peu à peu à la transformation du paysage.
Cette conversation m’a interpellée.
Nous parlions de notre ressenti, de nos métiers, de la manière dont nous percevons notre pays d’accueil…
Ce fut une soirée très agréable…
Et cela m’a fait prendre conscience une fois de plus qu’il y a plusieurs façons de vivre le même événement, le même déracinement.
Martine Bernier