Lundi soir.
Aurélien, 2 ans 1/2, qui vient de se brosser les dents dans la salle de bain, se lave les mains à grande eau lorsque son attention est attirée par une présence indésirable:
– Mamitine! Il y a une mouche!
Il a raison.
L’insecte vole désespérément vers la fenêtre.
– Hum? Dis donc, mouche, qu’est-ce que tu viens faire dans la salle de bain? Bon, Aurélien… qu’est-ce qu’on fait?
– Tu « crases » la mouche.
– L’écraser? Mmmmm… non. Je vais d’abord lui demander poliment de sortir.
Sous l’oeil amusé de mon mini auditoire, je m’adresse à la bestiole:
– Chère Mouche, pourriez-vous avoir l’extrême obligeance de quitter les lieux?
Evidemment, elle ne semble pas sensible à ma requête.
Et Aurélien a compris pourquoi:
– Dis « s’il te plaît je voudrais »!
Comment n’y ai-je pas pensé plus tôt?
Je reprends:
– Mouche, s’il te plaît, je voudrais que tu sortes de la salle de bain!
Rien faire.
Elle continue à nous narguer
Le petit hausse les épaules et écarte les bras dans un geste d’impuissance:
– Elle part pas… elle comprend pas!
– Voui. Je crois qu’elle ne parle pas français. Nous allons essayer autre chose.
– Faut « craser »…
– Non, non, j’ai une autre idée!
J’ouvre le battant vertical de la fenêtre et j’insiste:
– Bon, dehors, maintenant! Allez! Zou! La visite est terminée!
Mon dialogue avec la mouche amuse beaucoup Aurélien qui m’encourage… toujours sans succès.
Cette fois, je prends un mouchoir en papier et je la pousse vers la fenêtre où elle finit par prendre son envol vers l’extérieur.
Mon geste me vaut un applaudissement et une exclamation enthousiaste:
– Bravo, Mamitine!!
– Merci, merci! Ce fut un brillant travail d’équipe. Vive nous!
– Ouiiii! Vive nous!!!!
Mouche: 0.
Mamitine: 1.
Martine Bernier