La corvée

Il y a des corvées, dans la vie, que l’on aimerait pouvoir éviter.
Hier matin, j’étais bien décidée à venir à bout de l’une d’elle: faire renouveler ma carte d’identité.
Apparemment, la démarche est anodine.
Dans la masse de documents administratifs que je dois fournir en ce moment en prévision du projet que mon Capitaine et moi allons bientôt réaliser, ce n’était qu’un détail de plus.
Que neni.
Car pour obtenir ce genre de document, il faut… une photo d’identité.
Arf.

Etre prise en photo est pour moi un véritable calvaire.
Je me suis donc motivée avant de me rendre dans l’une des cabines photomaton agréées pour prendre les photos officielles.
Mon Capitaine, précieux soutien moral, m’attendait derrière le rideau.
Et le calvaire a commencé.

Vous visionnez une série de portraits vous expliquant ce qui est permis et ce qui ne l’est pas pour ce genre d’image.
Docile, je me suis pliée aux ordres de la machine: la position doit se trouver entre les deux lignes parallèles, il faut fermer la bouche, ne pas sourire, dégager le visage etc etc.
Ce qui nous permet d’avoir tous des mines patibulaires d’assassins en puissance.
Une belle harmonie…
Finalement, la première photo se prend.
Et le verdict tombe: photo non conforme.
Ah bon???
Je recommence… une fois, deux fois, trois fois…. six fois!!!!
Finalement, en désespoir de cause, comme elles sont toutes non conformes, y compris celles où j’ai totalement dégagé mon grand front plein d’intelligence (ceci est une boutade!), ce qui me donne l’air d’un zombie déprimé, je fais imprimer l’une d’elles, sans conviction.

Et me voilà à l’Hôtel de Ville où, après avoir longuement patienté, je me retrouve face à une dame visiblement très neurasthénique ou allergique à sa profession.
Ou aux gens qu’elle reçoit, ce qui est possible aussi.
Je lui explique ma demande, fais allusion à l’aversion que semble ressentir la machine pour ma personne et lui tend la photo. Elle grimace:

– Je ne suis pas sûre qu’elle sera acceptée. Signez ici, dans le carré, sans toucher les bords et en poussant fort sur le stylo.
Je m’exécute, règle les 75 francs que coûte cette fameuse carte, profite encore de l’occasion pour régler un autre point administratif, et je quitte la place avec la garantie que la carte me sera envoyée « si tout va bien ».

Deux heure plus tard, le téléphone sonne.
Tout ne va pas bien.
« Comme prévu », la photo n’a pas été acceptée car mes cheveux cachent mes yeux, semble-t-il.
Désespoir total: je ne vais quand même pas me raser la tête pour correspondre aux canons demandés par l’anthropométrie locale?
Je passe par la salle de bain et, la mort dans l’âme, je raccourci ma frange de deux bons centimètres.
Il faut ce qu’il faut…
Comme je regrette le bon vieux temps où une petite photo vite faite et un large sourire suffisait au bonheur de ceux qui réalisaient nos cartes…

Mercredi.
Devinez ce que je vais faire ce matin?
Soupir….

Martine Bernier

par

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