Mon Capitaine arrive dans mon bureau en me demandant où se trouve le désinfectant.
– Tu t’es blessé?
– Un peu, oui… en retirant les clous qui étaient fixés dans le mur, en haut…
Après qu’il ait désinfecté, je m’applique à lui poser un pansement.
Comme à son habitude, pendant l’opération, il me taquine, à tel point que j’esquisse un geste réprimé traduisant une envie d’exprimer mon vif désaccord.
– Fais attention, toi! Je vais te sauter dessus et te faire passer ton envie de m’ennuyer!
Air très digne de mon Capitaine qui me rétorque:
– Je suis blessé. On ne frappe pas un homme à terre.
Et voilà… protégé par la Convention de Genève…
*****
Au moment de se coucher, je suis tendue.
La veille, j’ai été piquée par une bestiole inconnue qui m’a laissée une belle marque et que je soupçonne avec horreur d’être une araignée.
Pour me rassurer, mon Capitaine me dit:
– Il faudrait faire des sachets de thym et de menthe que nous glisserions dans le lit.
– M’oui… Et ensuite, tu me mangerais au court-bouillon, c’est ça?
– Non, non: cela fait fuir les insectes.
– Je croyais que c’était le bois de châtaignier qui les dégoûtait…
– Pas de problème: je t’en mettrai une branche dans le lit.
Je l’ai remercié et ai décliné l’offre.
L’effet placebo a ses limites.
Martine Bernier