Bien essayé, Pomme

J’ai toujours dans un coin de ma mémoire cette phrase d’un vétérinaire qui avait expliqué qu’un chien a l’âge mental d’un enfant de 3 ans.
J’avoue que quand je regarde certaines des réactions de Pomme, ma douce Bichon Havanais, j’ai tendance à me dire qu’elle a gagné un an ou deux supplémentaires.
Exemple…
Jeudi matin.
Comme mon Capitaine s’est levé un peu avant moi, c’est lui qui a sorti Pomme, avant d’aller ouvrir la porte du poulailler et nourrir les poules.
Pendant qu’il est absent, Pomme, de retour, m’attend au bas des escaliers.
Je la caresse et je réalise qu’elle a un petit noeud dans ses poils.
Je l’invite donc à me rejoindre sous la véranda où armée d’une paire de ciseaux,  je coupe le noeud en question.
Pour Pomme, pas question d’en rester là.
Quand elle fait la moindre chose « hors du commun », elle attend une récompense pour son exploit.
Et là, elle s’est laissée faire, donc, dans son esprit, elle mérite un petit quelque chose.
Voir même un gros quelque chose, si possible.
Une fois tous les dix ou quinze jours, je lui ouvre une boîte de pâtée dont elle raffole.
Le reste du temps, ses repas sont constitués de croquettes.
L’ouverture d’une boîte est donc un événement pour elle, même si elle sait que je partage les portions pour que son festin dure trois ou quatre jours.
Pas par radinerie, non, mais parce que je sais par expérience que son système digestif n’en supporte pas plus.
Ce matin-là, je savais qu’il restait une dernière part à lui offrir.
Une fois relâchée, elle a couru vers l’endroit où elle reçoit sa pitance quotidienne, et a attendu.
L’assiette « spécial festin » était déjà sortie, ce qui voulait dire que mon Capitaine était passé avant moi.
Mais devant l’insistance de mon Mogwaï qui regardait sa gamelle d’un air désespéré, j’ai accepté de la suivre jusqu’au frigo pour vérifier:
– Mais Popomme… il n’y a plus de boîte! Tu as déjà mangé le reste. Et tu en espérais un peu plus, mmm? Bon, je vais te donner tes nouvelles croquettes: ce sont celles que tu aimes plus que les autres.

Je lui ai rempli son assiette.
Comme la plupart des petits chiens, Pomme régule elle-même sa nourriture.
Sauf en cas de festin, elle ne se jette pas goulûment sur ce qu’elle reçoit.
Là, elle prend une croquette du bout des lèvres, me jette un regard pitoyable, et part lentement en mâchouillant.
Partagée entre l’envie de rire et de compatir à son immense chagrin, j’ai craqué.
– Ca va, j’ai compris. Viens, je te donne un truc…
Elle est revenue en courant, subitement revigorée, me suivant avec enthousiasme jusqu’au tiroir à friandises.
J’en ai pris une toute petite que je lui ai tendue.
Elle l’a d’abord regardée d’un air déçu, comme pour me dire « elle est misérable, ta récompense! Je me fais escroquer. »
Cette fois, j’ai réagi.
Il y allait de mon honneur!
– Dis! Je te rappelle quand même que tu n’as pas escaladé l’Anapurna! Tu m’as juste laissé te couper un petit noeud de rien du tout. Et encore, avec difficulté! C’est moi qui mérite une récompense. Mais si tu ne la veux pas, ce n’est pas grave, c’est moi qui la mange.
Elle a attrapé la friandise et est partie la déguster dans son panier.
J’avoue que cela m’a soulagée.
Je n’aurais pas aimé devoir mettre ma menace à exécution!

Martine Péters 

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