Vendredi soir.
Au cours du repas du soir, mon Capitaine et moi parlons des jeunes qui font du théâtre, et il me dit:
– Nous avons à peu près tous joué dans une pièce de théâtre une fois ou l’autre, à l’école…
– C’est vrai… je m’en souviens et mon rôle n’était pas marquant! Et toi? Qu’est-ce que tu as joué? Juste pour voir si c’était pire que moi!
– Une fée.
Une fée?!
Venant d’un géant barbu de près de deux mètres, la confidence a de quoi surprendre.
Le fou rire grelottait déjà, lorsque je lui ai demandé de compléter:
– Mais… tu avais quel âge?
– Neuf ans.
– Tu étais déjà grand! En âge comme en taille…
– Oui… Je m’en souviens très bien: ma mère m’avait confectionné une robe bleue et mon père m’avait fabriqué une baguette magique avec une ampoule qui devait s’allumer quand on cliquait sur un interrupteur. Sauf que… au moment où elle aurait dû s’allumer, ça n’a pas fonctionné.
– Manque de chance!
– J’avais une phrase, une seule, à dire: « C’est bon le sucre, c’est sucré! »
Là, je me suis écroulée de rire devant son air déconfit.
Mon valeureux Capitaine transformé en fée, accoutré d’une gracieuse robe bleue de circonstance, nanti d’une baguette magique refusant de briller et condamné à prononcer un texte si profond qu’il s’en souvient encore aujourd’hui…
J’ai des circonstances atténuantes!
MP