Ce matin-là, si tous mes complices adultes du mercredi étaient bien là à notre rendez-vous, les rangs des enfants étaient, eux, plus que réduits.
Ce mercredi avaient lieu tout à la fois une importante rencontre de foot pour juniors et la journée de présentation du Collège pour les élèves qui vont y entrer en septembre.
Résultat: une seule de nos protégés était présente, m’a annoncé ma précieuse Estelle, qui me seconde pour cet atelier un peu particulier.
Catastrophe?
Non, absolument pas… je parlerais plutôt d’opportunité inespérée.
La douce Maëva est la plus timide, la plus réservée des enfants de la petite bande.
Comme cette séance était l’avant-dernière de notre session de travail, il y avait encore beaucoup à faire avant que je puisse mettre la dernière main à notre magazine.
Et là… elle qui avoue ne pas avoir confiance en elle, se trouvait en première ligne!
A chaque fin de rencontre, depuis plusieurs semaines, Maëva me dit qu’elle adore travailler avec moi.
Cette fois, donc, avec mes deux acolytes, j’ai fait un point de ce qui nous restait à faire et j’ai expliqué:
– Alors, Maëva… jusqu’ici, tu as fait partie de l’équipe des dessinateurs, et tu m’as fourni de formidables dessins. Il y en a encore à faire, aujourd’hui, mais j’aurais aussi besoin d’un petit texte. Est-ce que tu aurais envie de l’écrire et, surtout, voudrais-tu, pour cela, te mettre à l’ordinateur avec moi?
Comme elle en a l’habitude, elle m’a fixée de ses grands yeux bleus et a réfléchi avant de me répondre:
– Oui, j’aimerais bien… mais je fais des fautes…
– Aucune importance: je vais t’aider!
Nous avons consacré le tiers du temps imparti pour l’atelier à travailler à deux sur cet article.
Elle a surmonté sa timidité et s’est prise au jeu.
Dès qu’elle se sentait en difficulté, elle me regardait et je lui épelais les mots qui la contrariaient.
Elle y mettait tellement de bonne volonté que le texte a été rédigé tout en douceur.
Je lui ai expliqué qu’il serait inséré dans le magazine, puis je lui ai commandé des dessins pour illustrer un autre sujet écrit par l’ensemble du groupe la semaine précédente.
Elle a donc eu droit à un atelier au cours duquel nous ne nous sommes occupées que d’elle…
Les mots qu’elle m’a dit lorsque je suis partie m’ont profondément touchée.
Et j’avoue que pouvoir lui offrir ce moment rien que pour elle était un luxe que j’ai autant aimé qu’elle.