Le casse-tête

Jeudi en fin de journée.
Mon Capitaine fixe le plafonnier qui se trouve au centre du salon.
Comme plusieurs autres dans la maison, il est ajouré, en forme de chapeau vietnamien, tel que ceux portés par les personnes qui travaillent dans les rizières.
Intriguée, je lui demande ce qui le captive autant et il me répond qu’il y a quelque chose de bizarre qui ressemble à un fil de poussière.
Sautant sur l’occasion, je lui dis:
– Tu te rappelles que tu m’avais promis que c’est toi qui époussèterais ces lampes? Elles sont trop hautes pour moi, je n’y arrive pas.
Dans un élan d’enthousiasme et sous mes encouragements nourris, mon preux chevalier s’éclipse et revient avec le plumeau attrape-poussière dont je tairai la marque, mais qui vient à bout du fléau jusque dans les recoins les plus inaccessibles.
Sauf que…
Mais c’est impossible de le fixer sur le manche, ce truc-là!
Et c’est vrai qu’il a placé la chiffonnette de façon très approximative.
Il passe l’outil comme il peut et va le ranger.
Re- sauf que…
Lorsqu’il revient, nous constatons ensemble qu’il n’a pas correctement accompli sa tâche.
Il repart rechercher son plumeau, mais le chiffon est encore moins bien fixé que la première fois.
Et mon Capitaine ronchonne de plus belle sur « ce machin qui ne fonctionne pas, que l’on ne peut pas attacher « .
La première fois, j’avais cru qu’il plaisantait.
Là, j’ai compris qu’il n’arrivait pas à percer le secret de mon plumeau!
Heureusement, Zorrotte est arrivée.
J’ai pris le manche dans une main, la chiffonnette de l’autre, et j’ai montré à ma Vénérable Moitié qu’au dos ce cette dernière se trouvait un système composé de deux entailles dans lesquelles il suffisait d’enfiler les dents du manche.
Un peu penaud, il a repris l’outil et, cette fois, s’est acquitté de sa tâche avec brio.
Je n’ai pas pu m’empêcher de le regarder, rêveuse et attendrie.
J’ai devant moi un homme capable de démonter et remonter une arme complexe les yeux fermés, d’élaborer des plans architecturaux, de comprendre les schémas les plus compliqués… mais il a posé un genou à terre devant mon plumeau!
Comme quoi… la Femme est bel et bien l’avenir de l’Homme.

par

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *