Mon lecteur particulier

J’ai parlé de Daniel il y a environ un an de cela.
A cette époque, il subissait une opération qui le clouait à l’hôpital.
Une de plus, pour lui qui connaît malheureusement de graves problèmes de santé depuis longtemps…
Nous avons parlé de sa situation il y a quelques jours, sans tabous.
Très fidèle à Ecriplume, je sais qu’il attend le texte que vous lisez en ce moment… sans doute l’un des plus difficiles que j’ai eu à écrire.
La souffrance étant devenue insupportable pour lui, Daniel, qui vit en Suisse où je l’ai connu lorsque j’avais une vingtaine d’années, a fait appel à l’association Exit pour l’aider à partir.
Il en a parlé sur les réseaux sociaux, et m’a expliqué qu’à la dernière minute, il a changé d’avis.
Son expérience nous plonge au cœur d’un débat d’actualité, notamment en France, et d’une question qui nous concerne tous.
La personne mandatée par Exit pour l’accompagner était auprès de lui lorsqu’il a renoncé à son projet.
C’est deux ou trois jours après qu’il m’a appelée et que nous avons échangé.
Si le droit d’avoir recours à l’aide au suicide est au centre des discussions, le sujet est infiniment complexe.
Pour la personne concernée, cette décision est difficile, d’autant plus lorsque la famille, elle aussi en grande souffrance, est contre cette perspective.
Je pense qu’il faut autant de courage pour aller au bout des démarches… que pour renoncer lorsque le moment est venu.
Ce long et éprouvant parcours souvent solitaire sur lequel avancent les personnes malades, écrasées de souffrance, reste un chemin de liberté en ce qui concerne la décision ultime… y compris lorsque l’on vit dans un pays qui nous donne la possibilité de choisir.
Aujourd’hui, Daniel est toujours plongé dans un quotidien très difficile.
Et je me sens mal de ne pas pouvoir l’aider.
Le pouvoir des mots est grand… mais il ne permet pas de débrancher la douleur, de guérir la maladie, de reconstruire le monde.
Ils peuvent juste essayer de le faire en soufflant à l’oreille de ceux auxquels ils sont adressés qu’ils sont dans mes pensées…



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