La punition

Babou est un petit chien adorable… mais elle a la fâcheuse habitude de transformer en charpie ce qui lui tombe sous la patte, avec une prédilection pour les mouchoirs en papier et… les livres.
Ces derniers sont particulièrement attirants: elle aime beaucoup en décortiquer la tranche de couverture… ce qui a le don de m’exaspérer.
Elle le sait: elle le fait rarement.
Pour les mouchoirs en papier, nous nous arrangeons pour les mettre hors de portée… mais elle est assez ingénieuse pour aller les pêcher dans la corbeille de mon bureau.
Elle possède de nombreux jouets, mais je lui en ai donc fabriqué d’autres correspondant à ses goûts, et notamment des pelotes de laine qu’elle passe beaucoup de temps à dépiauter avant que je ne les remette en boule.
En principe, cela lui suffit, d’autant que je m’interromps toutes les heures dans mon travail pour la sortir, elle et ses deux complices, ce qui la distrait de ses bêtises.
Mais cette semaine, alors que je sortais de mon bureau pour l’une de ces sorties, j’ai découvert, au milieu du hall d’entrée, l’un de mes malheureux livres, saccagé.
J’étais furieuse.
Avec mon Capitaine, nous avons décidé de remonter le parc intérieur pour chien que nous avons utilisé… heu… une fois, il y a pas mal de temps déjà.
Nous l’avions rangé, le coeur brisé par le regard que nous avait lancé Kali, exaspérée de s’y trouver derrière les barreaux.
Mais là… nous n’avions pas le choix.
Il faut absolument que Babou comprenne qu’elle n’a pas le droit de faire certaines choses.
Le parc monté, nous y avons installé un panier confortable, des jouets et un os, et nous avons fermé la porte.
Beaucoup plus philosophe que ne l’était Kali à son âge, elle s’est couchée dans le panier et a attendu sans impatience.
Je lui ai montré le livre sacrifié et j’ai prononcé un « non » bien ferme avant de la laisser.
De retour dans mon bureau, j’ai eu une conversation avec ma douce Estelle qui, elle aussi, aime beaucoup les animaux.
Je lui ai confié que je me donnais l’impression d’être une tortionnaire sadique, et elle m’a rassurée: elle aussi avait dû agir de la même façon il y a quelques années avec l’un de ses bergers allemands qui, petit, avait la fâcheuse habitude de grignoter tous les câbles de la maison.
J’ai laissé Babou dans la cage pendant environ dix minutes, puis je l’ai relâchée.
Elle n’a plus fait de bêtise de la journée.
En début de soirée, Estelle m’a demandé si elle était retournée dans son parc.
Je lui ai répondu que non… mais que je réfléchissais sérieusement à la possibilité, le lendemain, à y passer ma propre journée pour être tranquille.

Un chien du gabarit de Babou devient adulte entre 9 et 12 mois.
Le mois prochain elle fêtera son premier anniversaire.
Le début de la sagesse?

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