
Babou, la plus jeune de nos trois demoiselles bichon havanais adore jouer avec les objets du quotidien.
Elle a beau avoir plus d’un an aujourd’hui, elle continue à manifester une énergie débordante et un caractère très facétieux.
À son arrivée, alors qu’elle avait déjà cinq mois, ce qui est beaucoup pour une adoption de chiot, elle cumulait une énergie déjà difficile à canaliser, et une envie irrépressible de découvrir et de profiter à fond de son nouvel environnement et de sa nouvelle famille.
Comme ça a été le cas pour ses deux « grandes sœurs », nous nous sommes très vite attachés à elle et à sa personnalité désarmante.
Elle fait beaucoup moins de bêtises que les premiers temps, mais elle rechute de temps en temps.
Laisser traîner un papier sur une table basse ou un paquet de mouchoirs sur un rayon de bibliothèque est un risque.
Elle sait qu’elle ne doit pas transformer en charpie ce genre d’objets, mais elle ne peut pas s’en empêcher… et prend un air très gêné, une fois que le mal est fait.
Chiper un physalis, contre l’avis de Pomme, et filer comme un lièvre pour aller l’éplucher tranquillement est aussi une activité qu’elle trouve très ludique.
Parmi ses habitudes, il en est une que je n’ai plus le cœur d’essayer de corriger.
A notre arrivée dans notre maison, il y a plus de sept ans, j’ai équipé la baie vitrée de mon bureau d’un long rideau blanc.
Pomme et Kali n’y ont jamais prêté réellement attention.
Babou, dès son arrivée, a trouvé ce voilage tout à fait à son goût, d’autant que c’est devant la baie vitrée que se trouvent les deux paniers dans lesquels Kali et elle se reposent lorsque je travaille.
Elle a pris l’habitude, tout en étant couchée, de grignoter le coin inférieur droit de ce rideau.
Je ne m’en suis pas aperçu tout de suite, et lorsque je l’ai remarqué, il était trop tard.
Cette partie n’était plus qu’un lambeau tout à fait inesthétique.
J’ai grondé Babounette sans trop de conviction.
Elle a pris un air tout à fait désolé… et a aussitôt recommencé, discrètement.
J’ai compris qu’elle ne se cachait pas pour le faire.
Au contraire, elle attendait que je sois à mon ordinateur pour s’installer et s’adonner à son jeu favori, grignoter et se pendre légèrement à ce voilage qu’elle semble décidément beaucoup aimer.
Quand j’ai réalisé que c’était pour elle un moment de pure détente, j’ai décidé de ne plus m’en formaliser.
Le rideau de mon bureau allait devenir officiellement un parc d’attractions pour Babou.
Après tout, il n’y a pas de raison pour que ma petite chienne soit privée de ce petit bonheur, elle qui a eu un début de vie difficile.
Oui, je sais, ce n’est pas bien.
Au bout de quelques mois, le coin inférieur droit de mon rideau avait disparu, laissant place à quelques morceaux pendouillants qui n’avaient plus rien à voir avec un voilage normal.
Comme j’ai décidé que ce jouet allait durer le plus longtemps possible et qu’elle pourrait en profiter jusqu’à ce que je le retire pour en accrocher un autre, je me suis contentée de découper un petit carré pour retirer ces lambeaux qui n’étaient pas forcément très élégants.
Même pas contrariée par mon initiative, Babou a continué à profiter de ses instants délicieux au cours desquels elle ressemble à un Romain de l’Antiquité vautré sur un divan et s’adonnant à une activité qui lui plaît.
Aujourd’hui, en travaillant, j’ai vu qu’elle était dans son panier et je l’ai regardée.
Elle avait l’air tellement détendue et ravie de pouvoir tirer sur son rideau – ce qui, pour elle, n’est pas une mauvaise action – que je me suis dit que j’avais raison de la laisser faire.
Après tout, personne d’autre que moi ne reste dans mon bureau et ne peut profiter du spectacle navrant de cette décoration ruinée.
Dans quelques jours, je découperai un deuxième carré pour retirer la deuxième tournée de lambeaux qui deviennent de plus en plus visibles.
Après tout, nous allons peut-être lancer une mode…